La ministre de la santé Maggie De Block s’en prend une nouvelle fois aux étudiants en médecine francophones. Selon la libérale flamande, il y a trop d’aspirants médecins dans les hémicycles du sud du pays. Elle menace donc une fois encore les futurs diplômés de ne pas leur accorder de numéro Inami, l’attestation qui leur permettra d’exercer réellement la médecine. Étonnant, alors qu’il manque tellement de médecins et qu’on en importe de plus en plus de l’étranger. Comment en est-on arrivé là ?
Maggie De Block avec le CD&V et la N-VA veulent donc encore moins de médecins francophones pourtant la moitié des médecins à Bruxelles viendraient de l’étranger. Plus généralement, dans la moitié des communes de notre pays, il manque de praticiens.
Est-ce la panique dans les auditoires ? "Tout à fait et on parle aussi dans les écoles secondaires puisque les prochains étudiants en médecine sont dans l’incertitude d’obtenir un Inami au terme de leurs études. Nous sommes confrontés à un examen d’entrée qui n’est pas efficace", déplore Giovanni Briganti, le président du comité inter-universitaire des étudiants en médecine.
Il existe déjà un examen d’entrée mais Maggie De Block estime qu’il n’est pas assez sélectif.
"Nous avons le double de candidats qui réussissent le test par rapport aux places disponibles mais on ne sait pas si ce nombre de places est justifié à l’heure actuelle", ajoute Giovanni Briganti.
"Maggie De Block doit sortir de ses calculs théoriques"
Sur le plateau de l’émission "C’est pas tous les jours dimanche", Christophe Deborsu a interrogé Alda Greoli la ministre wallonne de de la Santé.
"N’est-ce pas quelque part la faute de la Fédération Wallonie-Bruxelles ? C’est vous qui avez instauré cet examen d’entrée et la ministre De Block dit que vous laissez trop d’étudiants se lancer vers la médecine ? Vous êtes laxistes ?", a-t-il demandé d’emblée.
"Absolument pas. Heureusement que nous avons pris ces décisions, car il n’y a pas d’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire face à cette problématique. Il est indispensable que ces étudiants obtiennent un numéro Inami et il est indispensable que madame De Block s’attaque au vrai problème, c’est-à-dire une réelle pénurie de médecin sur le territoire et en particulier dans la partie francophone du pays. Tant qu’on restera avec des chiffres théoriques et tant que madame De Block parlera des répartitions des numéros Inami actuelles (60% sortants pour les néerlandophones et 40% pour les francophones), ça n’ira pas."
144 communes sur 262 en Wallonie sont en pénurie de médecin. Alda Greoli incite ainsi la ministre De Block à "sortir de ses calculs théoriques et à venir en Wallonie."
"On voudrait que les étudiants puissent avoir un diplôme"
Caroline Depuydt, psychiatre et membre du conseil d’administration de la Chambre de Bruxelles de l’ABSyM, défend elle la politique actuelle.
"D’abord, on saura si le filtre actuel est efficace en 2024. Faire des prévisions maintenant, c’est prématuré. De notre côté, on se pose malgré tout des questions. Quand on fait passer plus de 100% d’étudiants supplémentaire, on a l’impression que c’est un peu de trop. Il faut savoir qu’en Flandre, il y a un examen d’entrée qui est mis en place depuis 20 ans et globalement, ils ont 20% des étudiants qui se perdent en cours de route", indique-t-elle avant de faire une demande. "On voudrait que les étudiants qui sortent maintenant puissent avoir un diplôme et pour 2024, il faudra voir si les quotas sont bons."
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