Depuis le mois de mars, le nombre de cancers diagnostiqués dans notre pays est en baisse. Ils ont diminué de 14% par rapport à l'année précédente… mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. Anne Boucquiau, directrice médicale de la Fondation contre le cancer, était l'invitée du RTL INFO 13h pour en parler.
Simon François: Le nombre de cancers diagnostiqués en Belgique est en baisse, pourquoi est-ce une mauvaise nouvelle ?
Anne Boucquiau: "Cela peut être à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle dans le sens où on avait déjà observé, grâce aux analyses du registre du cancer, qu'entre avril 2019 et avril 2020, il y avait beaucoup de diagnostics de cancers qui n'étaient pas posés. On était à 44% en-dessous de ce qui était attendu. Le registre a continué ses analyses et entre mars et mi-septembre, nous sommes à 14%. C'est une bonne nouvelle dans le sens où il y a eu quand même un certain rattrapage. La mauvaise nouvelle évidemment, c'est qu'il y a encore, pour le moment, plus ou moins 5.000 cancers qui sont non-diagnostiqués. Ils continuent donc à évoluer mais sans traitement bien entendu."
Comment expliquer ces chiffres ?
"Il y a eu cette baisse très importante puisque lors de la première vague, tous les soins non-urgents avaient été arrêtés pour faire face à cette épidémie. Là, il y a eu un gap très important. Depuis, il y a eu un rattrapage et il faut souligner le travail qui a été effectué dans les hôpitaux et par les médecins, que ce soit intra ou extra-hospitalier, qui ont mis tout en œuvre pour faire tous les examens qui n'avaient pas été faits. On avait donc déjà un peu rattrapé. Maintenant, il reste encore ces diagnostics non-posés et l'inquiétude est de voir les conséquences de cette seconde vague."
Ces chiffres ne tiennent pas compte du deuxième confinement ?
"C'était jusque mi-septembre. Le problème, c'est que ça risque de donner des diagnostics plus tardifs. Le traitement du cancer est un peu une course contre la montre puisqu'il continue à se multiplier. Plus tôt on intervient, plus on a des chances d'avoir un pronostic et d'avoir des traitements moins lourds. Il y a surtout beaucoup de types de cancer différents et ça peut donc être variable d'un type de cancer à l'autre. Mais les conséquences peuvent être très lourdes pour les patients."
Il y a différents types de signaux
Y a-t-il des symptômes auxquels il faut être particulièrement attentif et qui doivent pousser les citoyens à prendre rendez-vous avec leur médecin le plus rapidement possible ?
"J'invite les personnes qui le souhaitent à aller sur le site de la Fondation contre le cancer. Il y a une partie qui s'appelle Les Signaux d'alarme. Les principaux sont le fait d'avoir des saignements anormaux et qui durent, le fait d'avoir une voix rauque et que ça dure, avoir une toux persistante en dehors d'un phénomène infectieux, avoir une masse, une petite boule, une tâche sur la peau… Il y a différents types de signaux où il faut consulter son médecin. Il y a aussi les programmes de dépistage. Le principe, c'est qu'on est invité à faire un examen sans avoir de symptômes, ce qui permet d'arriver encore plus tôt si une lésion est découverte. C'est une opportunité d'avoir un diagnostic précoce. Ils avaient été arrêtés pendant la première vague, ils ont repris, donc il faut absolument participer. C'est le message qu'on a envie de faire passer: ne pas attendre si on a un symptôme ou si on est invité à participer à un programme de dépistage."
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