Le nombre de nouveaux patients atteints d'un cancer de la peau continue de grimper d'année en année en Belgique. Entre 2004 et 2016, les cas diagnostiqués ont augmenté de 342%, indique mardi le réseau de dermatologues européens Euromelanoma. Le déni dès les premiers signes et la procrastination constituent des obstacles majeurs à un traitement efficace.
En Belgique, quelque 39.000 nouveaux patients sont atteints d'un cancer de la peau (35.836 carcinomes et 3.069 mélanomes) chaque année. C'est la forme de cancer la plus courante et celle qui affiche la progression la plus rapide, soulignent les dermatologues du réseau représenté dans 33 pays européens.
Nathalie Rooseleer, vice-présidente d’Euromelanoma, répondait aux questions d’Alix Battard sur le plateau du RTLINFO 13H.
Selon votre enquête, la moitié des patients attend de trois à six mois avant de consulter un médecin alors qu’ils ont des doutes. Pourquoi les Belges attendent si longtemps ? Est-ce qu’il y a une forme de déni ?
Oui, tout à fait, c’est le thème de notre campagne cette année de conscientiser les gens à cette forme de déni, qui est un mécanisme de défense psychologique que nous utilisons tous de manière consciente ou inconsciente et qui permet de se protéger d’un risque, d’un danger. En l’occurrence ici, du risque de cancer et donc on a tendance à se protéger de ce risque en retardant une consultation ou en évitant de se protéger suffisamment alors que l’on connait très bien les dangers.
Est-ce qu’il faut se protéger du soleil même en dehors des vacances ?
Le soleil est là en permanence. Le soleil émis par les UV aussi. Et donc il faut se protéger, même en Belgique, pas seulement quand on va en vacances, dès les premiers beaux jours. La première protection, ça reste quand même le vêtement, l’ombre et bien sûr les écrans solaires en complément, un chapeau des lunettes.
88% des Belges reconnaissent l’importance de se protéger et seulement 18% le font. Pourquoi ce déni ?
On parle de déni en matière de prévention primaire. On connait les risques mais on a tendance à les minimiser. Souvent nos patients protègent leurs enfants, mais oublient de se protéger eux-mêmes. Or le risque se prend depuis l’enfance mais se cumule avec l’âge, bien sûr.
D'après cette enquête effectuée auprès de 1.300 dermatologues dans le monde, 49% des patients attendent de 3 à 6 mois avant de consulter, 39% attendent entre 7 et 12 mois et 14% attendent un an ou plus.
"Il y a un fossé clair entre le fait de savoir comment se protéger du cancer de la peau et le fait d'adapter effectivement son comportement", déplore le dermatologue et président d'Euromelanoma Belgique, Thomas Maselis. Or le nombre de tumeurs cutanées est en forte hausse. "Certains patients viennent encore beaucoup trop tard. Les hommes plus âgés restent un groupe particulièrement à risque. Ils se disent souvent que ce n'est qu'une petite tache sur leur peau, que cela n'aura pas d'impact sur le reste de leur corps. Il faut en finir avec ce raisonnement erroné", affirme-t-il.
Comme chaque année, Euromelanoma lancera une campagne de sensibilisation à grande échelle par le biais de brochures, d'affiches, d'activités sur les réseaux sociaux et de journées de consultation gratuites chez les dermatologues participants, du 13 au 17 mai. Plus d'informations via le site web: www.euromelanoma.org.
Vos commentaires