1 cancer sur deux est diagnostiqué chez les plus de 70 ans. Un véritable défi pour les unités d'oncologie puisque les patients âgés doivent bénéficier d'un accompagnement spécialisé. A l'institut Jules Bordet, comme dans les autres hopitaux d'ailleurs, une équipe multidisciplinaire veille à ce qu'ils reçoivent le traitement le plus adapté à leur état physique et psychologique.
"Vous avez une figure, je vais vous demander de la reproduire à main levée, donc c’est normal que ce ne soit pas parfaitement droit..." Cette neuropsychologue évalue les capacités de ses patients. Charlotte Vandevoorde, neuropsychologue à l'Institut Jules Bordet, veille à ce que les plus de 70 ans soient capables de supporter leur traitement contre le cancer, notamment sur le plan cognitif. "Si une personne a des problèmes de mémoire ou de rythme dans son quotidien, elle ne va pas penser à prendre ses médicaments donc ça va avoir un gros impact sur son adhérence au traitement", explique-t-elle à notre équipe.
Les patients âgés ont même tendance à minimiser les difficultés qu’ils éprouvent au quotidien. Pour eux, pas toujours simple d’accepter de se soumettre à ce genre de test. André Delcorde est atteint d’une leucémie chronique, il aura 90 ans le mois prochain. "Cet exercice m’apparait un peu simpliste, ça ne demande pas beaucoup. Pour quelqu'un qui est en bonne santé, je crois que c’est... mais ça peut donner évidemment des résultats intéressants sur l’état physique et psychologique de la personne, ça je veux bien le croire", dit-il.
"Le patient qu’on vient de voir, il va très bien. Mais en général, l’état émotionnel du patient n’est pas très bon du tout. Il faut prendre ça en compte, parce que l’état de détresse émotionnelle ou de dépression peut avoir un impact sur la qualité du traitement également", précise Charlotte Vandevoorde.
Le défi de l'accompagnement d'un patient âgé
Actuellement, 1 cancer sur 2 est diagnostiqué chez les 70 ans et plus. Des patients qui ont besoin d’un accompagnement spécifique... Les médecins doivent prendre en compte leur état de santé global, mais aussi leur volonté ou non de se battre contre la maladie, afin de leur proposer le traitement adéquat pour eux.
"Une phrase qu’on entend souvent c’est que c’est important de donner un traitement atténué à un patient âgé parce qu'il est plus fragile. Ca arrange le patient et aussi le médecin... et donc on passe parfois à côté de la chance de guérir un patient", explique Dominique Bron, professeur émérite spécialiste en hématologie.
Erik Vanderveken avait 84 ans quand en mars dernier il apprend qu’il souffre d’un lymphome très agressif. Pour lui, pas question de baisser les bras… il est aujourd’hui en rémission. Il a choisi de se battre, explique-t-il: "J’ai la chance d’avoir une vie encore relativement active vu mon âge. Ce n’est plus une vie sportive, comme à l’époque, mais y a une vie de contact, de réflexion, de réunion. Avec mon épouse nous sommes dans le même cheminement donc c’est pas fini quoi, malgré notre âge".
L'importance du rôle de l'infirmière coordinatrice
Ces patients peuvent compter sur leur bonne étoile, comme certains l’appellent. L’infirmière coordinatrice Sophie Delaunois est leur personne de contact en cas de doute ou d’effets secondaires. C’est aussi elle qui assure le suivi avec l’oncologue. "Les patients disent que je suis leur petit rayon de soleil, y a quand même une relation qui se forme entre le patient et nous comme on les suit toutes les semaines, une complicité s'installe et pour eux, ça les rassure aussi", explique-t-elle.
Rassurer, écouter et accompagner au mieux... Les unités d’oncologie sont confrontées à un défi de taille face au nombre croissant de personnes âgées dans leur service.
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