Charlotte Martin était l'invitée de la matinale sur Bel RTL. L'infectiologue du CHU Saint-Pierre à Bruxelles est revenue sur le couac au centre de vaccination du Heysel, où les convocations ne sont pas parvenues suite à un problème informatique, mais aussi sur les progrès que l'on a faits dans le traitement des symptômes du coronavirus.
Fabrice Grosfilley : Nous sommes un an après la première vague, est-ce qu'on a fait des progrès par rapport aux traitements contre le coronavirus ?
Charlotte Martin : Oui, on a fait d'énormes progrès. Comme prévu, il a fallu attendre le résultat de grosses études qui ont pourtant été démarrées très rapidement au moment de la première vague. On commence à avoir des résultats de bonne qualité qui arrivent.
On entend beaucoup de noms : la chloroquine, la dexamethasone, le remdesivir... Dans tout ce que vous avez essayé, il y a des choses qui marchent ?
Le plus convaincant reste la dexamethasone, qui diminue la mortalité de quasi 30% chez les patients qui avaient besoin d'oxygène, qui étaient hospitalisés. Ça, c'est ce qu'on donne à tous nos patients qui entrent chez nous et qui ont besoin d'oxygène.
Un anti-inflammatoire, bon marché, que vous utilisez systématiquement ?
On l'utilise chez tous nos patients oxygéno-dépendants. Il y a aussi d'autres molécules comme le tocilizumab, un anti-inflammatoire puissant, qui récemment a montré un intérêt chez les patients Covid sévères. Ça, c'est une corde supplémentaires à notre arc.
Vous combinez plusieurs traitements selon les caractéristiques du patient ?
Ça, c'est la médecine. On a une pathologie qui se présente différemment, et on constate des sous-groupes de patients. Il n'y a jamais de réponse universelle.
Aujourd'hui, on arrive à éviter l'intubation de certains patients ?
Avec la dexamethasone, oui. Le tocilizumab aussi, peut-être. Mais il reste une proportion non-négligeable de patients qu'on va devoir intuber, mais on a aussi vu au fur et à mesure de la pandémie qu'il ne fallait pas intuber trop vite.
Concrètement, aujourd'hui, à Saint-Pierre, dans votre hôpital, vous arrivez à sauver beaucoup plus de patients qu'il y a un an ?
On a des chiffres de mortalité qui ont diminué par rapport à un an, effectivement.
Avec tout ce que vous nous dites, et la vaccination des personnes à risque, on pourrait estimer que c'est une maladie presque "normale", qu'on arrive à traiter tout à fait normalement ?
On arrive tout doucement à l'apprivoiser. Si on arrive à protéger les patients qui meurent le plus de cette maladie, et qu'on a un arsenal thérapeutique suffisamment développé pour toutes les formes de la maladie, on pourra en effet commencer à respirer.
Ça ne serait pas une catastrophe pour les hôpitaux d'envisager des assouplissements une fois les personnes à risque vaccinées ?
C'est ça le but de la campagne de vaccination. Une fois que les personnes à risque seront vaccinées, on pourra assouplir et laisser un petit peu circuler le virus.
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