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Après une annus horribilis, le château de Versailles en quête de soutien et de renouveau

 
 

Après une annus horribilis, ce devait être le moment de la "résurrection". Mais faute du feu vert de l'exécutif, le château de Versailles passera finalement les fêtes de fin d'année confiné, jusqu'à une possible réouverture en janvier qui s'annonce pleine de défis voire délicate.

L'extension, la semaine dernière, de la fermeture des lieux culturels pour au moins trois semaines supplémentaires a douché les espoirs d'un rapide retour à la normale dans les couloirs de la résidence royale, que la pandémie de coronavirus aura privé de public pendant cinq mois cette année.

Tout avait été pourtant méticuleusement préparé en vue d'une réouverture le 15 décembre avec, en point d'orgue, une rétrospective consacrée au peintre Hyacinthe Rigaud qui réunissait pour la première fois les deux exemplaires de son portrait de Louis XIV, l'un des plus reproduits dans les manuels d'histoire.

"Cette exposition a un symbole de résilience, de résurrection", confiait la semaine dernière Laurent Salomé, le directeur du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, qui a voulu croire jusqu'au bout à une réouverture avant Noël.

"Le château de Versailles, c'est un lieu qui n'a de sens que quand il est rempli de monde qui traverse ses allées, ses galeries, que quand les jardins sont parcourus par les visiteurs", insistait le conservateur.

Lieu touristique emblématique de la France, le château de Versailles est ressorti groggy du confinement du printemps.

- "Année blanche" -

Du jour au lendemain, ses grilles dorées se sont refermées et, avec elles, une large part de ses revenus. La réouverture en juin après 82 jours de confinement ne s'est pas traduite par le rebond escompté faute de touristes étrangers, qui représentaient 80% de ses visiteurs.

Le nombre total de visiteurs a plongé - "environ 2 millions" cette année contre 8,2 millions en 2019 -, le château accuse une perte de 50 millions d'euros et finira l'année, sans surprise, en déficit.

2020 a été "une année terrible", "une année quasiment blanche", confirme Catherine Pégard, la présidente de l'établissement public, dont la voix résonne dans une galerie des glaces déserte. "Il y a une vie qui s'est arrêtée et fait que pour la seule sauvegarde du château de Versailles aujourd'hui nous sommes en grande difficulté".

"Le château n'est pas dans une mauvaise situation comme il pouvait l'être après la guerre, où les toitures fuyaient, où les jardins étaient totalement en jachère", poursuit-elle. Mais "si on veut sauvegarder cette offre culturelle, si on veut que le château de Versailles continue de rayonner dans le monde, bien évidemment il ne faut pas arrêter tous les travaux, tous les chantiers".

Au-delà du plan de relance du gouvernement - 87 millions d'euros sur deux ans - "qui va nous permettre de surmonter les difficultés de l'année 2020", le soutien des mécènes est dans ce contexte essentiel, insiste Catherine Pégard, tout comme la nécessité de renouveler les offres de visites afin d'attirer un public plus large.

- L'Elysée sans orangers royaux -

"Il faut reconstruire le modèle économique" car "on sait que le retour du tourisme sera très lent", abonde Laurent Salomé. Des pistes de réflexion sont en cours sur "des façons originales, exceptionnelles de visiter Versailles qui, pour une certaine clientèle, peuvent avoir du sens et nous aider un peu à tenir".

Sur le terrain, et malgré le coup porté par l'annonce gouvernementale, les chantiers et les opérations se poursuivent dans l'attente de la réouverture, à l'image de la chapelle royale qui, après près de trois ans de chantier, va pouvoir présenter au public un toit redoré et restauré.

Les anges ont "enfin bonne mine", s'enthousiasme en haut des échafaudages Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques et maître d’œuvre de cette opération. "C'est extraordinaire parce que l'or resplendit: qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, on a l'impression qu'ils génèrent leur propre lumière."

A quelques centaines de mètres de là, sous les voûtes de l'Orangerie, une autre "opération d'envergure" est en cours: le "rencaissage" du millier d'orangers, citronniers, pamplemoussiers, palmiers et grenadiers.

Mis à l'abri pendant l'hiver, ces "sujets", vieux pour certains de plus de 200 ans, retrouveront leur place d'origine à l'extérieur au printemps après leur "confinement annuel", plaisante Eric Quenea, jardinier et responsable du lieu.

Coronavirus ou non, ajoute-t-il, cette opération se répète tous les ans sans exception, 2020 compris. Seule petite entorse cette année: le traditionnel prêt de 40 oliviers à l'Elysée a été empêché par le confinement, une première depuis 1974 et la présidence de Valéry Giscard d'Estaing.


 

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