(Belga) Le Conseil de sécurité a affiché vendredi ses divisions sur la nécessité ou non de mettre à son agenda les enjeux sécuritaires du changement climatique, la Russie, isolée, plaidant pour une approche régionale.
Sans évoquer une seule fois le changement climatique, les Etats-Unis se sont bornés à souligner l'importance de mieux gérer les catastrophes naturelles et ont appelé les agences de l'ONU à mieux partager leurs informations. Le président Donald Trump est ouvertement climato-sceptique. Ces prises de position sont survenues dans le cadre d'un débat organisé par la présidence du Conseil, assurée en janvier par la République dominicaine, sur l'"Impact des catastrophes climatiques sur la paix". Plus de 80 intervenants, dont une quinzaine de ministres --un record selon certains diplomates--, étaient prévus. Cette affluence "est très étonnante", commente l'ambassadeur d'un pays africain tandis que, pour la France, elle traduit "une prise de conscience large" de la question. "Nous estimons superflu et même contreproductif d'examiner la problématique du climat au Conseil de sécurité de l'ONU dont la principale tâche est de réagir rapidement aux menaces à la paix et à la sécurité internationales", a asséné l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia. Pour la secrétaire générale adjointe de l'ONU aux Affaires politiques, l'Américaine Rosemary DiCarlo, "s'occuper des implications sécuritaires du changement climatique est un problème collectif réclamant une réponse collective". "Il est important de développer les coopérations régionales", "le risque climat est à prendre en compte mais pas de manière générique", a rétorqué M. Nebenzia. Alors qu'une très large majorité de participants ont détaillé les conséquences négatives du réchauffement de la Terre sur la paix mondiale (inondations, sécheresse, incendies, migrations...), beaucoup ont appelé dans le même temps à une action plus tranchante. Certains ont demandé l'adoption de résolutions spécifiques sur le lien climat-paix mais une telle perspective est exclue à court terme en raison des positions russe et américaine. "Dans chacun des débats, il faut intégrer une réflexion, une analyse sur le changement climatique", a affirmé à l'AFP Didier Reynders, chef de la diplomatie belge. "Nos collègues russes vont devoir s'habituer à ce qu'autour de la table du Conseil de sécurité cet élément soit pris en considération. Si on veut aller plus loin, sur des résolutions portant spécifiquement sur le lien climat et sécurité, il y a encore du travail à faire, c'est plus compliqué à obtenir quand on voit le positionnement russe", a-t-il ajouté, évoquant implicitement le droit de veto dont dispose Moscou au Conseil. Selon l'ONU, les catastrophes naturelles ont provoqué 10.000 morts et affecté plus de 65 millions de personnes en 2018. (Belga)
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