"Réchauffez les cœurs, pas la planète": plus nombreux que la semaine dernière, environ un millier de jeunes ont défilé vendredi à Paris pour le climat, derrière l'adolescente suédoise Greta Thunberg devenue l'égérie de la lutte contre le réchauffement.
"Dans 20 ou 30 ans, on va tout se prendre dans la gueule", a lancé à l'AFP Bérénice, lycéenne parisienne de 17 ans. "On est venu parce qu'il y en a marre que le gouvernement ne fasse pas assez contre le dérèglement climatique."
Encadrés par des forces de l'ordre en nombre, les jeunes manifestants sont partis de la place de l'Opéra, portant des pancartes "le futur commence ici", "Sauve la Terre, mange un lobbyiste", "Water is coming" et scandant les slogans, "rejoignez-nous, ne nous regardez pas". Ils sont arrivés un peu moins de deux heures plus tard place de la République.
Quelques personnalités comme l'actrice Juliette Binoche, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot ou la maire de Paris Anne Hidalgo se sont joints à eux.
"J'ai déjà fait une marche pour le climat avec mon père mais c'est la première fois que je viens seule. J'ai vu des discours de Greta Thunberg et elle a raison, c'est notre avenir qui est en jeu", a dit Adèle, 15 ans, avant d'ajouter: "J'ai l'impression que certains jeunes ne se sentent pas concernés, mais le mouvement grandit".
Depuis le début de sa grève hebdomadaire de l'école l'été dernier, Greta Thunberg, devenue la coqueluche des médias et des militants climat, a inspiré bien d'autres élèves à travers le monde.
Comme elle, qui s'installe tous les vendredis devant le Parlement de Stockholm pour réclamer plus d'actions du gouvernement contre le réchauffement, des milliers de jeunes ont manifesté en Allemagne, Australie, ou Grande-Bretagne. Ainsi qu'en Belgique où 7.500 jeunes étaient à nouveau dans la rue jeudi, pour la 7e semaine consécutive, cette fois en présence de Greta.
- "Grève mondiale" le 15 mars -
La jeune fille et plusieurs représentants du mouvement venus de Belgique ont été reçus en fin de journée par Emmanuel Macron.
"Les jeunes ont raison, on n'en fait jamais assez", a déclaré sur BFMTV à l'issue de la rencontre le ministre de la Transition écologique François de Rugy, disant comprendre l'"impatience" de cette jeunesse.
"Le président de la République a dit aux jeunes: finalement, c'est la première fois dans notre histoire que nous devons avoir cette mobilisation alors que nous sommes en temps de paix", a-t-il ajouté.
Le mouvement est pour l'instant timide en France. La semaine dernière pour la première mobilisation, ils étaient environ 200 lycéens et étudiants à bloquer la circulation devant le ministère de la Transition écologique.
"Il y a eu d'autres mouvements sociaux très présents" en France, a expliqué Romaric Thurel, 22 ans, coordinateur de Youth for climate France, avec la mobilisation des "gilets jaunes".
Mais les jeunes français visent surtout le 15 mars, date à laquelle Greta Thunberg appelle à une "grève mondiale pour le futur". "Nous continuerons à faire grève toutes les semaines", a promis Greta Thunberg à la fin de la manifestation.
Alors qu'elle avait fait jeudi à Bruxelles un discours ferme, appelant les dirigeants européens à se doter d'un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80% d'ici à 2030, elle a été plus discrète à Paris.
Le visage serré, encadré de ses habituelles tresses, elle a plutôt laissé la parole à d'autres représentants de son mouvement lors d'une conférence de presse sur la place de la République, sous les yeux de dizaines de caméras et d'appareils photos, tout comme à la fin de la manifestation.
"Je souhaite que les adultes prennent leurs responsabilités. Nous faisons grève parce que les gens ne font rien", a ainsi déclaré l'Allemande Luisa Neubauer, 20 ans. Les responsables politiques "doivent afficher le courage que nous montrons aujourd'hui", a insisté la Belge Anuna de Wever.
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