Une nouvelle évacuation de patients atteints du coronavirus dans l'Est de la France est prévue vendredi, alors que l'épidémie s'aggrave dans le pays avec près de 1.700 morts, parmi lesquels une adolescente de 16 ans devenue la plus jeune victime.
Pour soulager les hôpitaux du Grand Est, cette évacuation par les airs intervient au lendemain d'un transfert inédit de malades de l'Est vers d'autres régions en TGV médicalisé, afin d'y alléger la pression sur les établissements de soins.
Par ailleurs, Emmanuel Macron réunit les partenaires sociaux en audioconférence à 11h00, pour discuter notamment des moyens de concilier poursuite de l'activité économique et protection des salariés pendant la crise sanitaire, alors que les dérogations au droit du travail inquiètent les syndicats.
L'épidémie continue de s'accentuer -- 365 décès supplémentaires en 24 heures -- et fait craindre une prochaine saturation des services de réanimation d'Ile-de-France.
C'est de cette région que vient Julie A., l'adolescente de 16 ans décédée à l'hôpital. "On n'aura jamais de réponse, c'est invivable", a confié à l'AFP sa mère, Sabine, racontant son épreuve après des tests d'abord négatifs au Covid-19, puis un test positif.
Appelée en pleine nuit par l'hôpital, ajoute Sabine, "j'ai paniqué, il y a des mots qui vous font comprendre", dit-elle en évoquant les derniers instants de sa fille.
- "Extrêmement rares" chez les jeunes -
Pour le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon, l'information concernant la jeune fille est "importante, puisque les formes sévères chez les sujets jeunes sont extrêmement rares". "Elles surviennent de temps en temps pour des raisons multiples. On le voit notamment dans certaines infections virales (avec) des formes extrêmement sévères exceptionnelles", a-t-il souligné.
Jeudi soir, le dernier bilan portait à 1.696 le nombre de morts du Covid-19 enregistrés à l'hôpital depuis le début de l'épidémie fin janvier, et 3.375 patients étaient en réanimation (+548 en une journée), sur un total de 13.904 (+ 2.365) patients hospitalisés en France.
Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris, a suggéré un transfert "massif" de patients vers "les régions de France et d'Europe" où l'épidémie n'arrivera pas avant deux ou trois semaines, déplorant par ailleurs les pénuries de matériel de protection et de tests partout en France. "Parfois je me pose la question: de quoi ne manque-t-on pas?" a-t-il lancé.
"Ni les soignants ni nous n'étions préparés à ce genre d'événement", a confié jeudi soir à l'AFP le Dr Benjamin Davido, directeur médical de crise à l'Hôpital Raymond-Poincaré de Garches, qui "craint l'arrivée à saturation" en Ile-de-France, alors que ses 26 lits de réanimation sont déjà pleins.
- Situation cruelle dans les maisons de retraite -
L'épidémie qui a fauché au moins cinq médecins, a également fait un premier mort dans les rangs de la gendarmerie.
La situation est particulièrement cruelle dans les maisons de retraite où le nombre de décès n'est pas exactement connu, mais se chiffre a minima en dizaines de morts.
Confinés chez eux depuis plus d'une semaine, 85% des Français sont "inquiets" pour eux et leur famille, selon une enquête d'Ifop-Fiducial réalisée les 24-25 mars pour CNews et Sud Radio, contre 44% fin janvier.
Le gouvernement annoncera "dans quelques jours" la probable prolongation du confinement. Le conseil scientifique a recommandé de l'allonger, suggérant un total de six semaines, soit jusqu'à fin avril.
La mobilisation est aussi militaire avec l'annonce par Emmanuel Macron d'une opération "Résilience" qui "sera entièrement consacrée à l'aide et au soutien aux populations, ainsi qu'à l'appui aux services publics pour faire face à l'épidémie, en métropole et en Outre-mer".
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le président a annoncé sur son compte Twitter à l'issue d'une discussion avec son homologue américain Donald Trump, une "nouvelle initiative importante" avec les Etats-Unis et d'autres pays face à la crise du Covid-19, sans autre précision.
Du côté des traitements, la chloroquine, actuellement testée mais qui fait débat, peut être administrée "sous la responsabilité d'un médecin", aux malades du coronavirus: son utilisation est désormais encadrée par un décret paru jeudi au Journal officiel.
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