Emmanuel Macron a ordonné la fermeture, à partir de lundi et "jusqu'à nouvel ordre", des crèches, écoles et universités pour freiner la propagation du nouveau coronavirus, qui a tué 61 personnes et en a contaminé près de 3.000.
Le chef de l’État, qui a consacré sa journée de jeudi à consulter pour préparer son allocution télévisée, a appelé les Français à "faire bloc" face à cette épidémie, "qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens": "la plus grave crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle".
Dans ce contexte, il a fait appel à "la responsabilité" de chacun en demandant de limiter "au strict nécessaire" les déplacements, et aux personnes agées de plus de 70 ans et aux plus fragiles de rester chez eux. Il a maintenu les élections municipales dont le premier tour est prévu dimanche avec des aménagements pour éviter une longue attente aux personnes âgées, les plus vulnérables au virus.
Selon le dernier bilan officiel, 61 personnes sont décédées et 2.876 ont été contaminées - soit près de 600 de plus en 24 heures - dont 129 cas graves placés en réanimation.
Par précaution, le gouvernement a demandé la "déprogrammation immédiate des interventions chirurgicales non urgentes" afin de libérer des lits en réanimation, en salles de réveil et du personnel qualifié - conformément au stade 2 du "plan blanc" des hôpitaux: "tous les moyens nécessaires" à la santé seront employés "quoi qu'il en coûte", a insisté le Président, vantant au passage les vertus de l'Etat-providence.
- Un tournant -
Face à l'accélération des contaminations, en France mais plus encore chez ses voisins italiens et espagnols, la journée de jeudi a clairement marqué un tournant et mobilisé le sommet de l’État et le gouvernement.
Le Premier ministre, entouré de cinq ministres dont ceux de la Santé et de l'Intérieur, a reçu les présidents des Assemblées et des groupes parlementaires, ainsi que les chefs de partis et les présidents des associations d'élus.
De nombreuses inconnues subsistent autour de ce virus ont relevé des experts qui redoutent l'avenir. Le Pr Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à la Salpêtrière, a prévenu mercredi soir que "les (services de) réanimation se remplissent de manière extrêmement rapide (...) je vois ce qui se passe dans mon hôpital et c'est la même chose à Strasbourg, à Vannes… on sait qu'on en n'est qu'au début" a-t-il assuré sur LCI.
Le ministre de la Santé a assuré en retour que toute la stratégie du gouvernement consistait depuis le début à "préparer les hôpitaux pour éviter que (la situation) soient trop tendue" et à freiner la propagation.
En plus des foyers déjà identifiés notamment dans le Morbihan, le Haut Rhin, l'Oise ou la Corse, un nouveau point de contamination a été annoncé mercredi dans l'agglomération de Montpellier. Mais la situation est aussi particulièrement tendue dans le Rhône, à Francheville près de le Lyon et à la Croix rousse, où deux établissements gériatriques ont enregistré deux décès chacun en 24 heures.
A ce stade, l'urgence sanitaire se double d'une urgence économique, illustrée notamment par la débâcle historique des places boursières: Paris a ainsi connu la plus forte chute de son histoire, clôturant à -12,3%.
- Indemnisation -
Pour y répondre, Emmanuel Macron a annoncé un mécanisme "exceptionnel et massif" visant à "protéger les salariés et les entreprises", notamment par la mise en place de chômage partiel.
"L’État prendra en charge l'indemnisation des salariés contraints à rester chez eux", a-t-il promis, quel qu'en soit le coût. En outre, "toutes les entreprises qui le souhaitent pourront reporter sans justification, sans formalité, sans pénalité, le paiement des cotisations et impôts dus en mars".
Déjà 3.600 entreprises ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel pour environ 60.000 salariés, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Le tourisme, la restauration, l'événementiel et les transports sont particulièrement touchés.
L'Olympia, après bien d'autres, a annoncé jeudi sa fermeture jusqu'au 15 avril en raison de l'interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes. Et Iggy Pop a reporté sa tournée la France d'avril à Septembre.
Par ailleurs, la décision de Donald Trump, qui a suspendu pour trente jours tous les voyages depuis l'Europe vers les États-Unis à partir de vendredi, a contribué à dramatiser le contexte global.
Prenant le contrepied, le chef de l’État a fustigé "le repli nationaliste": fermer des frontières sera probablement nécessaire mais devra être décidé "à l'échelle européenne", a-t-il estimé.
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