Une seule injection d'un anticorps produit en laboratoire a protégé des macaques contre un virus de sida de singe durant près de six mois, indique mercredi une étude de recherche vaccinale.
Exposés au VIH simien (SHIV) une fois par semaine, les singes non traités ont contracté le virus en moyenne au bout de trois semaines, alors que les singes traités sont restés jusqu'à 23 semaines indemnes de l'infection par ce virus.
Dans les populations humaines à risque élevé de contracter le virus du sida, cette protection "pourrait avoir un impact profond sur la transmission du virus", selon l'équipe de chercheurs basés en Allemagne et aux Etats-Unis, dont les travaux sont publiés dans la revue scientifique Nature, mercredi.
Ils ont testé l'immunisation passive comme une solution protectrice, alternative aux vaccins expérimentaux qui n'ont jusqu'à présent pas abouti.
Un vaccin pousse l'organisme à produire des anticorps contre un ou des agents infectieux, virus ou bactéries. Son action est de longue durée et parfois pour la vie.
L'immunisation passive consiste elle à injecter des anticorps protecteurs contre un agent pathogène ou sa toxine, la protection est immédiate mais de courte durée.
L'immunisation passive a été utilisée pour protéger les voyageurs contre l'hépatite A jusqu'à ce qu'un vaccin soit devenu disponible. Certains espèrent qu'elle pourrait servir à éviter des millions d'infections par le VIH jusqu'à l'arrivée d'un vaccin sur le marché.
Dans le monde, 34 millions de personnes sont décédées à cause du sida, et environ 37 millions vivaient le virus en 2014, selon l'OMS. Il n'existe pas de traitement assurant la guérison, mais de puissants cocktails de médicaments permettant de contrôler la multiplication du virus.
Les tentatives d'utilisation des anticorps anti-VIH ont eu jusqu'alors un succès limité car chaque anticorps neutralise généralement seulement un spectre étroit de souches de virus. Mais la découverte d'anticorps capables de neutraliser une large gamme de souches de VIH, appelés "bNAb", et qui seraient présents chez 10 à 30 % environ des personnes séropositives, a dopé la recherche vaccinale.
Trois de ces anticorps ont été testés dans l'étude. Chacun a retardé l'infection chez les singes, le premier jusqu'à 12 semaines, le second jusqu'à 20 semaines, et le dernier jusqu'à 23 semaines.
Des recherches sont cependant encore nécessaires pour établir si cette approche représente une alternative valable à la vaccination chez l'homme.
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