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Du Mont-Blanc à l'Antarctique, pour sauver la "mémoire de la glace"

Du Mont-Blanc à l'Antarctique, pour sauver la "mémoire de la glace"
Jérôme Chappellaz, directeur de recherche au laboratoire de glaciologie de Grenoble, présente aux journalistes un segment d'une carotte de 129,7 mètres de long extraite d'un glacier du Mont-Blanc, lePHILIPPE DESMAZES
 
 

Deux carottes de glace de plus de 120 mètres de long ont été extraites cette semaine d'un glacier du Mont-Blanc avant d'être conservées en Antarctique dans le cadre d'une opération destinée à sauvegarder la "mémoire" de la glace, menacée par le réchauffement climatique.

La première carotte a été descendue lundi dans la vallée après un forage de plus de deux jours à 4.300 mètres d'altitude, au col du Dôme, sur le Mont-Blanc.

Découpée en 126 segments d'un mètre de long, conditionnée dans des caisses isothermes, cette carotte est désormais stockée dans un entrepôt frigorifique près de Grenoble.

Une deuxième carotte de 129,7 mètres de long a été héliportée mercredi après-midi dans la vallée et présentée à la presse avant de rejoindre le même entrepôt jeudi.

Une troisième carotte doit être forée dans les prochains jours par une équipe de scientifiques français, italiens et russes.

Une de ces carottes, pesant plusieurs tonnes, sera analysée au laboratoire de Grenoble pour constituer une base de données ouverte à tous les scientifiques. Les deux autres devraient rejoindre à l'horizon 2020 un "congélateur naturel", une cave de neige à -54°C de moyenne, sur la base franco-italienne Concordia, en Antarctique.

L'objectif est de conserver pour des siècles la "mémoire de la glace", une "matière première" extrêmement précieuse pour les scientifiques.

"Le réchauffement climatique affecte les glaciers à l'échelle mondiale. Or, ces glaciers sont des archives du climat, de l'environnement de la planète", explique Jérôme Chappellaz, directeur de recherche au laboratoire de glaciologie de Grenoble.

"Avec cette opération, on crée une banque de glace pour les générations futures", a-t-il ajouté.

En se formant sous l'effet des chutes de neige, les glaciers emprisonnent en effet de petites bulles d'air et des impuretés, témoins de l'atmosphère d'il y a plusieurs dizaines ou centaines d'années.

C'est ainsi que les glaciologues ont pu établir le lien entre températures et gaz à effet de serre. Sur les glaciers du Mont-Blanc, les chercheurs peuvent étudier l'évolution de la pollution ou de l'activité industrielle au niveau européen sur une centaine d'années.

Avec l'évolution des techniques, les chercheurs espèrent aussi mener des recherches dans quelques années sur les mutations de virus ou de bactéries piégés dans la glace.


 

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