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Espace: Rosetta se précipite vendredi sur la comète Tchouri

 
 

Ses heures sont comptées: après avoir escorté pendant plus de deux ans la comète Tchouri, la sonde européenne Rosetta va se laisser tomber sur son noyau vendredi, rejoignant le petit robot Philae pour l'éternité.

Son odyssée spatiale, qui a duré douze ans - plus que celle d'Ulysse -, a été riche en péripéties et a permis de récolter une abondante moisson de données scientifiques. Philae, lui, peut s'enorgueillir d'avoir réalisé une première historique en se posant pour la première fois sur une comète.

Rosetta aura droit à une fin à grand spectacle, organisée par l'Agence spatiale européenne (ESA) qui mobilisera les dernières forces de la sonde pour engranger d'ultimes résultats scientifiques. La caméra Osiris de l'orbiteur sera aux premières loges pour saisir ces derniers moments.

Décidée en 1993, la mission Rosetta vise à mieux comprendre la formation du système solaire. Les comètes, apparues il y a 4,5 milliards d'années, font partie des objets les plus primitifs de ce système.

La sonde a découvert que l'eau de 67P ne ressemblait en rien à celle de la Terre: cette famille de comètes n'a donc pas contribué à l'apport d'eau sur notre planète, comme le supposaient les scientifiques.

Elle a en revanche identifié des molécules organiques nécessaires à l'apparition de la vie, notamment des acides aminés, qui pourraient avoir participé à "l'ensemencement" de nos océans.

La pièce finale se jouera à plus de 700 millions de kilomètres de la Terre et à plus de 500 millions de km du Soleil.

Avec désormais plus de 7 milliards de kilomètres au compteur, la sonde, lancée en 2004, escorte depuis août 2014 la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Mais celle-ci s'éloigne dorénavant de plus en plus du Soleil.

Dotée de grands panneaux solaires, la sonde commence à manquer de puissance. D'où la décision de l'ESA de mettre un point final à l'aventure pendant qu'elle contrôle encore la sonde.

Jeudi soir, vers 20H50 GMT (22h50 heure de Paris), alors que la sonde se trouvera à une vingtaine de kilomètres de Tchouri, Rosetta sera placée sur une trajectoire "la menant directement en collision avec la comète", indique à l'AFP Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne).

- 'En douceur' -

La sonde entamera une lente descente en chute libre de plus de 14 heures. Sur la fin, sa vitesse atteindra 90 centimètres par seconde (3,2 km/heure), "soit la vitesse de la marche humaine", note M. Lodiot.

Rosetta n'a pas été conçue pour atterrir. Mais les ingénieurs ont fait leur possible pour que "l'impact contrôlé" de la sonde sur la comète, attendu vendredi vers 10h40 GMT (12h40 heure de Paris), soit le plus "soft" possible. Il faudra ensuite 40 minutes pour que le signal arrive à la Terre. L'ESO devrait avoir la confirmation de l'impact vers 11h20 GMT (13H20 heure de Paris).

"Rosetta ne va pas s'écraser. Elle va se poser en douceur. Elle ne va pas se détruire en mille morceaux", assure à l'AFP Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au CNES, l'agence spatiale française.

La sonde a été programmée pour s'éteindre dès qu'elle entrera en contact avec la surface du noyau cométaire. "Après, ce sera fini", souligne Sylvain Lodiot.

"Des régulations nous imposent d'éteindre une sonde et son émetteur une fois que la mission est terminée afin de libérer sa fréquence", explique-t-il. En outre, "Rosetta n'a aucune chance de pouvoir communiquer avec nous une fois au sol car elle n'aura plus les moyens d'orienter son antenne principale".

Les scientifiques de l'ESA ont fait un choix. Rosetta ne se posera pas à côté de Philae, muet depuis juillet 2015.

La caméra Oriris l'a localisé début septembre, couché sur le flanc avec une patte en l'air, dans une zone très sombre. Fin juillet, la sonde avait renoncé définitivement à entrer en contact avec le robot dont les antennes sont mal orientées.

Les scientifiques ont préféré que Rosetta se pose sur une zone située sur la "tête" de la comète. Baptisée Maât, du nom de la déesse égyptienne qui représente l'équilibre du monde, elle comporte des dépressions circulaires, larges et profondes d'où s'échappent des jets de gaz.

Pendant la descente, sept des onze instruments de l'orbiteur seront allumés. "C'est une opportunité unique d'observer au plus près la comète", déclare Andrea Accomazzo, directeur des opérations de vol à l'ESOC. "Il n'y a pas de meilleure fin pour Rosetta."

La caméra Osiris fonctionnera à plein pour photographier au plus près la comète. Le spectromètre Rosina "sniffera" jusqu'au bout les molécules qui entourent Tchouri.

Etalée sur plus de vingt ans, la mission Rosetta a coûté 1,4 milliard d'euros. La "valeur" de la mission est "bien supérieure" à son coût, considère Jan Wörner, le directeur général de l'ESA.


 

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