Uniquement en centre, avec l'autorisation des deux parents et le consentement du mineur: la vaccination des adolescents contre le Covid-19 débute mardi sous certaines conditions avec, comme principal enjeu, l'augmentation de la couverture vaccinale pour limiter au maximum la circulation du virus.
- Pour qui et où ?
La vaccination sera ouverte à tous les enfants de 12 ans et plus à partir de mardi, soit environ 5 millions de personnes, selon le ministère des Solidarités et de la Santé. Avec une exception: les adolescents ayant développé un syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS) à la suite d'une infection par le SARS-CoV-2, pour lesquels la vaccination n’est pas recommandée.
Jusqu'ici, les jeunes de 16 et 17 ans pouvaient être vaccinés dans deux cas de figure: s'ils souffraient d'une pathologie à très haut risque de forme grave de Covid-19 ou s'il s'agissait de proches de personnes immunodéprimées.
La vaccination des adolescents ne sera possible qu'en centre avec le vaccin PfizerBioNTech, le seul à ce jour à disposer d'une autorisation de mise sur le marché pour cette tranche d'âge.
Moderna, qui a fait une demande la semaine dernière, attend la réponse de l'Union européenne.
- Autorisation parentale nécessaire
La vaccination des mineurs nécessite l'autorisation des deux titulaires de l'autorité parentale mais la présence d'un seul sera requise lors de l'injection.
Un formulaire d'autorisation parentale, disponible en ligne (https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_-_autorisation_parentale_vaccin_covid-19.pdf) devra être rempli et signé avant la vaccination.
L'administration du vaccin n'en restera pas moins conditionnée au consentement oral du mineur concerné.
- Un risque individuel faible
Les décès du Covid-19 sont exceptionnels chez les adolescents: le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, ECDC, a comptabilisé 98 décès sur 1,1 million de cas chez les 10-19 ans. Le risque de forme grave nécessitant une hospitalisation est lui aussi très faible (0,9% selon l'ECDC).
Mais si le rapport bénéfice/risque à se faire vacciner reste moins évident pour cette tranche d'âge que pour le reste de la population, des spécialistes mettent en avant un bénéfice individuel indirect: vaccinés, les adolescents pourront plus rapidement reprendre une vie plus normale, eux qui ont été durement affectés par les restrictions successives (confinements, réduction des interactions sociales, fermeture des établissements scolaires ou enseignement à distance...).
La vaccination des adolescents pourra contribuer au retour à un fonctionnement habituel des écoles, collèges et lycées, et limiter les risques pour les personnels et les élèves fragiles.
- L'enjeu de l'immunité collective
Vacciner les 12-17 ans permettra surtout d'immuniser une plus grande part de la population et ainsi mieux lutter contre la circulation du virus.
Si leur santé est peu à risque, les adolescents ne sont pas à l'abri d'une infection et peuvent alors participer à la transmission du virus. Leur immunisation contribue donc à freiner l'épidémie.
Phénomène bien connu dans les maladies infectieuses, l'immunité collective signifie qu'au-dessus d'un certain seuil de personnes vaccinées, les virus ne rencontrent plus suffisamment de personnes à infecter, ce qui les empêche de se répliquer et de continuer à circuler.
Si on ne vaccine pas les mineurs, il faudrait vacciner plus de 90% des adultes pour parvenir à une telle couverture, un chiffre ambitieux au vu des réticences d'une partie de la population.
- Des réserves perdurent
Si la vaccination des ados présente bien un avantage collectif, certains spécialistes s'interrogent sur l'opportunité de leur ouvrir les centres quand seuls 26,7% des majeurs, plus à risque, ont reçu deux injections (57,6% une dose).
La Haute autorité de santé préconisait d'ailleurs début juin d'attendre que la vaccination des adultes soit suffisamment avancée avant de la généraliser à cette tranche d'âge.
Et le Comité national d'éthique (CCNE) a regretté mercredi "que les décisions" concernant la vaccination des adolescents contre le Covid-19 "aient été prises si rapidement", se demandant s'il était éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d'y accéder) d'une partie de la population adulte.
L'OMS avait de son côté appelé mi-mai les pays à renoncer à vacciner les enfants et les adolescents contre le Covid et faire don des doses ainsi libérées au système Covax pour les redistribuer aux pays défavorisés.
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