Après six mois de fermeture, le site de Lascaux-IV, réplique grandeur nature en Dordogne du chef d’œuvre de l'art pariétal, est dans les "starting-blocks" pour accueillir à partir du 19 mai les visiteurs, avec quelques innovations à la clé.
"On attendait cette date depuis très longtemps", se réjouit son responsable Franck Doucet alors qu'autour de lui, une équipe réduite mais motivée s'active depuis deux jours pour préparer la réouverture de cet ensemble exceptionnel que beaucoup considèrent comme la "Chapelle Sixtine de la Préhistoire".
Découverte le 12 septembre 1940, en pleine seconde guerre mondiale, par quatre adolescents sur une colline boisée dominant le petit village de Montignac, la grotte de Lascaux a été fermée au public en 1963 pour préserver ses magnifiques gravures et peintures.
Après une première réplique partielle, Lascaux-II, ouverte en 1983, et le lancement en 2012 d'une exposition itinérante mondiale, baptisée Lascaux-III, la quatrième version, fac-similé intégral de la grotte originale, a vu le jour en décembre 2016.
- "Dîners préhistoriques" -
Dans le grand hall du bâtiment aux lignes épurées en béton gris lumineux, drapant le pied de la colline, tout est passé au crible pour appliquer le protocole sanitaire du déconfinement et vérifier le bon état des infrastructures.
Le système de réservations est déjà lancé et les premières s'affichent sur les écrans informatiques, tandis que les audio-guides sont en ordre de bataille à l'entrée. Au sol, un employé met la dernière main au fléchage du parcours qu'emprunteront dans quelques jours les visiteurs.
Dans un premier temps, 20 à 25 visites par jour sont prévues, par groupes d'une vingtaine de personnes encadrées de bout en bout du parcours par un "médiateur".
Quelque 400 visiteurs sont attendus quotidiennement, avant une montée en charge progressive, notamment pour le week-end de la Pentecôte, qui devrait être "un peu plus chargé".
Au total, on va perdre sans doute "100.000 visiteurs sur l'année 2021" par rapport aux 380.000 annuellement en temps normal, évalue Laurent Corbel, directeur de la Semitour, société d'économie mixte gestionnaire des sites touristiques du département, qui prévoit financièrement "un résultat négatif mais acceptable grâce aux aides de l'Etat".
L'optimisme reste donc de mise, d'autant que durant le confinement, "la grotte n'a pas été totalement endormie et cela nous a permis d'inventer de nouvelles choses", se félicite le responsable. Des "visites virtuelles" ont ainsi été organisées pour les écoles via des tablettes numériques qui ont également été envoyées "un peu partout dans le monde".
Et le système devrait être pérennisé pour la clientèle étrangère qui ne pourra sans doute pas venir avant l'été.
- "Comme la Joconde" -
Autre innovation prévue, des visites nocturnes à la lueur de torches conçues pour reproduire "la lueur vacillante" de celles utilisées par les habitants des lieux il y a 20.000 ans.
La première sera organisée le 4 juillet et se conclura, de même que les suivantes, par un dîner "préhistorique". A la carte, devraient figurer truites et saumons fumés au bois de hêtre, accompagnés de légumes de l'époque.
Parcourant les dédales de la grotte couverte de peintures et gravures animalières aux tons noirs et ocre, d'une finesse extraordinaire, Franck Doucet s'émerveille et ne cache pas son bonheur de voir le site revivre.
"Mais je pense quand même que les animaux qui sont représentés là, eux aussi sont contents de revoir les visiteurs. Ils sont éminemment vivants. Si vous les regardez, vous vous rendez compte qu’ils sont en mouvement, que leurs yeux sont parfois tournés vers nous, un petit peu comme la Joconde", commente-t-il, peu avant de croiser un auroch dont l'oeil semble effectivement vous fixer de quelque endroit que vous le regardiez.
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