La deuxième tentative a été la bonne : un vaisseau spatial Soyouz transportant le premier robot humanoïde russe, Fedor, s'est arrimé avec succès mardi à la Station spatiale internationale (ISS), après un premier essai infructueux ce weekend.
"Mes excuses pour le retard. J'étais dans les bouchons. Je suis prêt à poursuivre le travail", peut-on lire dans un message sur un compte Twitter créé pour le robot. Capable d'imiter les mouvements humains, Fedor aura pour fonction d'aider les cosmonautes à réaliser leurs tâches sans pouvoir toutefois se déplacer librement dans la station.
Après un premier essai d'arrimage, l'équipage de l'ISS avait dû déplacer lundi un autre vaisseau Soyouz, déjà arrimé, d'un module à un autre pour que la capsule transportant le robot puisse faire une nouvelle tentative.
Le Soyouz MS-14 avec Fedor à son bord s'est fixé avec succès à l'ISS à 03H08 GMT, a annoncé l'agence spatiale russe Roskosmos.
Un commentateur sur Nasa TV, la chaîne de télévision de l'agence spatiale américaine, qui diffusait l'arrimage en direct, a relevé "l'approche parfaite vers l'ISS".
Pendant une vidéo-conférence avec les deux cosmonautes russes à son bord, le président Vladimir Poutine a quant à lui évoqué une "situation anormale" mais salué "un travail réalisé avec brio".
"J'espère que le robot Fedor vous apportera toute l'aide nécessaire", a-t-il ajouté, cité par les médias russes, du salon aéronautique MAKS, près de Moscou, où il était en visite avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Le vaisseau avait décollé jeudi du cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan. Il transportait également de l'équipement scientifique et médical, des vivres, des médicaments et des produits d'hygiène, selon Roskosmos.
- "Défaillances radio" -
Fedor (acronyme de Final Experimental Demonstration Object Research) est un robot au corps anthropomorphe argenté qui mesure 1,80 m de haut et pèse 160 kg. Portant le numéro d'identification Skybot F850, il est le premier engin de ce type envoyé dans l'espace par la Russie.
Il doit séjourner dans l'ISS jusqu'au 7 septembre pour un vol-test avant des missions plus risquées. Ses opérations l'amèneront à manier un tournevis ou encore des clés et à tester ses capacités en conditions de très faible gravité.
Selon le directeur de Roskosmos, Dmitri Rogozine, les prochaines étapes seront une sortie du robot dans l'espace, ainsi que son essai au sein du nouveau vaisseau russe Federatsia, dont les premiers vols sont prévus pour 2020.
L'échec samedi de la première tentative d'arrimage du Soyouz avait constitué un nouveau revers pour le secteur spatial russe, qui a subi ces dernières années une série d'accidents et de scandales de corruption.
La Nasa avait déclaré samedi que le Soyouz de Fedor "n'avait pas pu se verrouiller" et "s'était éloigné à une distance de sécurité" de l'ISS, dans l'attente des directives des contrôleurs de vol russes.
Selon le responsable du segment russe de la station, Vladimir Soloviov, le problème qui a empêché le premier arrimage était dans l'ISS et non dans le Soyouz. Il a mis en cause des "défaillances de l'équipement radio" qu'"il est possible de corriger".
- "Conquérir l'espace lointain" -
En octobre, la Russie avait dû faire face au premier échec dans l'histoire des vols habités à bord de la station internationale lorsqu'un vaisseau Soyouz à bord duquel se trouvaient un astronaute américain et un cosmonaute russe avait été forcé d'effectuer un atterrissage d'urgence peu après son décollage.
Fedor n'est pas le premier robot à avoir quitté la Terre.
En 2011, la Nasa a envoyé dans l'espace un robot humanoïde baptisé Robonaut 2, mis au point en coopération avec General Motors, avec le même objectif de le faire travailler dans un environnement à haut risque. Il est revenu en 2018 en raison de problèmes techniques.
En 2013, le Japon, à son tour, a expédié un petit robot, en même temps que le premier commandant japonais de l'ISS, Koichi Wakata. Mis au point avec Toyota, Kirobo était capable de parler, mais uniquement en japonais.
Malgré les récents échecs, la Russie reste le seul pays en mesure de transporter des humains vers la station internationale. Elle cherche depuis des années à redresser son industrie spatiale, source d'une immense fierté à l'époque soviétique, mais qui s'est retrouvée ruinée après la chute de l'URSS.
En août, le directeur de l'agence spatiale russe avait expliqué vouloir utiliser à l'avenir des machines comme Fedor pour "conquérir l'espace lointain".
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