Pour la première fois, un patient a été muni de lunettes 3D pendant qu'il était opéré éveillé d'une tumeur cancéreuse au cerveau afin d'épargner les connexions susceptibles d'altérer son champ visuel, a annoncé l'équipe du CHU d'Angers (Ouest de la France).
"La chirurgie éveillée se pratique depuis les années 2000 mais ce qui est tout à fait inédit, ce sont les lunettes 3D qui ont plongé le patient dans une réalité virtuelle permettant de tester des fonctions beaucoup plus complexes comme le champ visuel, la prise de décision dans une situation inattendue" ou encore l'exploration visuelle de l'espace, a-t-on expliqué mardi à l'AFP au centre hospitalier.
Jusqu'à maintenant, le patient éveillé pouvait réagir à certaines stimulations du neurochirurgien en train d'opérer son cerveau. Celui-ci pouvait alors réaliser une cartographie précise et épargner ainsi les zones du cortex et leurs connexions impliquées dans des fonctions essentielles comme la motricité et le langage.
La réalité virtuelle "ouvre la voie à des actes toujours plus précis et laisse envisager des interventions jusqu'alors irréalisables comme l'ablation de tumeurs cérébrales difficilement placées", selon un communiqué de l'équipe conduite par le neurochirurgien Philippe Menei.
Cette avancée permettra aussi de limiter les handicaps potentiels liés à ce genre d'opération.
L'équipe médicale précise que ce premier patient, qui était porteur d'une tumeur située près des zones du langage et des connexions visuelles, a été opéré le 27 janvier. Trois semaines après l'intervention, il "est en parfaite santé".
"N'ayant plus qu'un œil suite à une maladie ophtalmologique, il était d'autant plus essentiel d'épargner son champ visuel", a-t-elle ajouté. Une altération de son champ visuel aurait eu "de lourdes conséquences sur le quotidien du malade, comme la suppression de son permis de conduire".
"Tout comme il pouvait, jusqu'à maintenant, cartographier les réseaux du langage ou de la motricité grâce à la participation du patient éveillé, le neurochirurgien peut également localiser, et donc épargner, les connexions cérébrales des nerfs optiques dont l'atteinte conduirait à une altération définitive du champ visuel", a également commenté le CHU d'Angers.
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