En imposant le port "systématique" du masque dans les salles de cours au collège et lycée, Jean-Michel Blanquer a tenté de répondre aux inquiétudes des enseignants et parents d'élèves avant cette rentrée en plein rebond épidémique, sans lever toutes leurs incertitudes.
Les professeurs s'inquiétaient notamment des conditions dans lesquelles va se dérouler la rentrée du 1er septembre alors que les contaminations repartent à la hausse et que le dernier protocole, établi par le ministère en juillet bien avant ce rebond, a allégé les mesures sanitaires en classe.
Jeudi soir sur France 2, le ministre de l'Education a écarté tout report de la rentrée mais a durci le protocole en annonçant que "le port du masque sera(it) systématique à partir du collège, et pas seulement quand il n'y a pas de distance physique, dans les espaces clos".
Jusqu'à présent, le masque n'était obligatoire dans les collèges et lycées que dans les espaces clos où une distanciation d'un mètre ne pouvait pas être respectée.
"Ça va dans le bon sens, celui de la sécurisation de la rentrée de la protection des élèves et des personnels", a réagi auprès de l'AFP Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
"Maintenant, il faut aller au bout de la logique et fournir gratuitement ces masques aux élèves", a-t-elle ajouté, pensant aux familles "touchées par la crise".
"Il est évident qu'en France le masque doit être pris en charge par la puissance publique dans les écoles, comme il l'est dans les entreprises par les employeurs, sinon on organise l'inégalité", estime Rodrigo Arenas, co-président de la fédération de parents d'élèves FCPE.
En visite vendredi dans une école de l'Oise, le ministre a assuré que le masque pourrait être fourni gratuitement aux "familles en grande difficulté".
- Zones d'ombre -
"Il va falloir les premiers jours faire un travail de pédagogie auprès des élèves", a relevé Sophie Vénétitay, qui ne se montre toutefois pas trop inquiète: "Le port du masque s'est développé cet été".
"On s'y fait finalement", a d'ailleurs confié une future élève de sixième à Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement. "Au début c'est compliqué de le porter toute la journée mais plus on le fait et plus on s'habitue", a-t-elle ajouté alors qu'elle participe au dispositif "école ouverte" dans un collège de Saint-Fons.
"Moi ça m'énerve, à chaque fois il me tombe du nez et les profs me disent de le remettre", a dit un autre élève, qui avait coincé son masque sous ses lunettes pour répondre à M. Attal.
Obligatoire également pour les enseignants en élémentaire, le masque est en revanche seulement "recommandé" pour ceux de maternelle, ce qui provoque l'incompréhension de Guislaine David, du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
"Si le Haut Conseil à la santé publique dit qu'il faut porter le masque dans les espaces clos, il n'y a pas de raison pour que les adultes (d'une école, ndlr) ne portent pas de masque !", a-t-elle tonné.
Plus largement, les enseignants jugent qu'il y a encore trop de "zones d'ombre" sur la préparation de la rentrée. "On a besoin de savoir si le protocole sanitaire de juillet est bien celui sur lequel on s'appuie pour préparer la rentrée", souligne Stéphane Crochet du SE-Unsa.
Ce texte "prévoit toutes les situations" et est "un des plus stricts d'Europe", assure M. Blanquer.
Plusieurs syndicats s'inquiètent aussi de la question du brassage ou non des groupes à l'intérieur des établissements. Le protocole recommande de les limiter, mais ne les interdit pas. Pour le SE-Unsa, le ministre "n'est pas clair" sur ce sujet. "C'est un point essentiel, s'il y un cas suspect dans une classe, pour casser la chaine de contamination, est-ce que l'on va procéder à des tests sur tous les élèves de l'école ?", souligne le Snuipp.
Sur ce point, le ministre a affirmé vendredi que dans les zones de forte circulation du virus, en Ile-de-France et dans les Bouches-du-Rhône, "on va limiter ce brassage". Il y aura aussi une aération "plus fréquente" des salles de classes, a-t-il dit.
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