Faire passer le déficit de la Sécurité sociale sous "la barre symbolique" des 10 milliards d'euros en 2016, soit trois milliards de moins qu'en 2015. C'est l'objectif que s'est fixé le gouvernement, qui a dévoilé jeudi ses pistes d'économies.
Le déficit devrait être de "9,7 milliards d'euros en 2016", a déclaré jeudi le ministre du Budget Christian Eckert, en présentant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), avec la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
"Ce niveau sera de l'ordre de celui constaté en 2008 avant la crise, niveau le plus faible depuis 10 ans", a-t-il précisé.
Ces prévisions portent sur le régime général (maladie, vieillesse, famille, accident du travail) et le Fonds de solidarité vieillesse (FSV).
En 2015, ce déficit cumulé doit atteindre 12,8 milliards d'euros, soit 400 millions de moins qu'en 2014, d'après les dernières prévisions de la Commission des comptes de la Sécurité sociale.
Les nouvelles sont "bonnes", s'est félicitée Marisol Touraine, heureuse d'un déficit réduit de 40% depuis son "arrivée" en 2012, quand les comptes affichaient -21 milliards.
Le retour à l'équilibre n'est toutefois pas prévu avant au moins 2020, le gouvernement tablant sur un déficit de 1 milliard d'euros en 2019.
Mais le régime de retraites reprendra lui des couleurs dès 2016, se retrouvant "en léger excédent" (500 millions d'euros) pour "la première fois depuis 2004", a confirmé la ministre.
Toutefois, un retour dans le rouge, à 100 millions d'euros, est prévu en 2019.
D'après la Commission, la bonne forme de la branche vieillesse résulte en grande partie de la réforme de 2010, qui a décalé l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
Autre bon point: en 2015, le déficit de la branche famille se résorberait de plus de 1 milliard d'euros par rapport à 2014, notamment grâce à la modulation des allocations familiales, entrée en vigueur en juillet.
- 'Protection universelle maladie' -
Mais le trou de l'assurance maladie continue d'inquiéter: -7,5 milliards en 2015 après -6,5 mds en 2014.
Faible croissance, inflation nulle et taux de chômage élevé ont entraîné une baisse des cotisations, incapables de compenser la hausse naturelle des dépenses, liée au vieillissement de la population comme à l'extension des maladies chroniques et du progrès technologique.
Le gouvernement a donc resserré la vis pour l'année prochaine, limitant la progression des dépenses à 1,75% (contre 2% en 2015), un "niveau historiquement bas", a souligné la ministre, promettant de ne pas remettre en cause "la protection de nos concitoyens", sa "ligne rouge".
"Pas un euro n'a été économisé sur le dos des Français. Pas une franchise, un déremboursement n'a été voté", a-t-elle insisté.
Elle a détaillé les "quatre axes structurants" de la "maîtrise des dépenses", à savoir la "lutte contre les actes inutiles et redondants", le développement des génériques, l'efficience des dépenses hospitalières et le "virage ambulatoire".
Une opération sur deux doit être réalisée en ambulatoire (sans hospitalisation de nuit) d'ici à 2016, un objectif "en passe d'être atteint".
La ministre en a profité pour annoncer une batterie de mesures destinées à renforcer l'accès aux soins, dont "la protection universelle maladie", une réforme visant à simplifier les démarches des assurés pour faire valoir leurs droits à remboursement.
Seront aussi mis en place des contrats de complémentaires santé "moins chers, labellisés" pour les personnes de plus de 65 ans, en réponse à une promesse de François Hollande.
Les salariés enchaînant les contrats très courts pourront également profiter d'une aide financière de leur(s) employeurs pour s'offrir une couverture santé.
L'accès des mineures à la contraception sera renforcé, la prévention de l'obésité développée chez les enfants.
Enfin, quelque 500 millions d'euros seront économisés grâce à une réforme de la revalorisation des prestations sociales.
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