L'Europe et les Etats-Unis commencent à se projeter vers l'été avec la réouverture des plages et des cafés mais la pandémie, qui a contaminé 5 millions de personnes dans le monde, est loin d'avoir dit son dernier mot et s'en prend désormais férocement à l'Amérique latine.
La Chine, où les premiers cas de Covid-19 sont apparus en fin d'année, s'apprête à afficher sa victoire contre le virus à l'occasion de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), grand-messe du régime, qui débute vendredi.
Mais du Brésil à la Russie, le nouveau coronavirus continue sa progression, frappant jusqu'au coeur du pouvoir. Après le Premier ministre russe, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, a été hospitalisé jeudi à Moscou avec les symptômes de la maladie.
Pays le plus touché au monde, avec 1,57 million de cas et plus de 94.000 morts, les Etats-Unis enregistrent encore chaque jour de sombres bilans.
Donald Trump a annoncé que les drapeaux seraient mis en berne pour trois jours à compter de vendredi pour honorer les morts du virus. L'opposition démocrate, qui l'accuse de manquer d'empathie depuis le début de la crise, l'avait appelé à le faire lorsque le seuil des 100.000 morts serait franchi.
Le président insiste malgré tout sur la remise en route du pays, dont l'économie a dévissé, emportant avec elle 38,6 millions d'emplois et le meilleur argument de campagne du milliardaire républicain, qui espère décrocher un nouveau mandat en novembre.
"Il est temps que notre pays redémarre", a martelé Donald Trump lors d'une visite dans une usine du Michigan, où il n'a pas voulu être vu avec un masque.
Le président a souhaité rouvrir d'abord les églises, "essentielles" selon lui pour le moral des Américains, puis "tout le reste".
Il s'est redit optimiste pour la tenue du G7 en chair et en os en juin "essentiellement à la Maison Blanche" même si les dirigeants invités ont accueilli sa proposition avec prudence.
D'ores et déjà, les 50 Etats américains ont renoncé aux mesures les plus restrictives du confinement. A l'approche d'un long week-end férié qui marque traditionnellement l'ouverture de la saison estivale, la plupart des plages ont rouvertes, parfois seulement pour les habitants des environs, et souvent sans autorisation d'y poser sa serviette.
- L'apéro en terrasse -
L'Europe, où le nouveau coronavirus a tué plus de 170.000 personnes, progresse elle aussi sur la voie d'une très lente normalisation.
Après deux mois de confinement, Chypre a rouvert ses cafés, restaurants en plein air et salons de coiffure ainsi que des écoles. Si les plages vont aussi rouvrir samedi -pour les baignades, pas pour le bronzage-, aéroports et hôtels restent fermés, prolongeant le supplice du secteur touristique, crucial pour l'économie de ce pays.
La Serbie a annoncé la réouverture de ses frontières, fermées depuis le 15 mars, et la compagnie aérienne Easyjet prévoit elle de reprendre certains vols à la mi-juin.
Soleil printanier aidant, le retour de l'apéro en terrasse en Italie a alarmé les autorités. "Ce n'est pas le moment pour la fête !", a prévenu le Premier ministre Giuseppe Conte.
Surtout que le nombre des morts causées par le virus pourrait dépasser d'environ 19.000 le bilan officiel de 32.000 victimes, a estimé jeudi la Sécurité sociale italienne.
"Ce n'est pas le moment, maintenant, de se relâcher complètement", a également estimé la directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), Andrea Ammon pour qui l'Europe doit se préparer à une deuxième vague épidémique.
Pour éviter ce scénario, le port du masque dès six ans est désormais obligatoire dans tous les lieux publics d'Espagne où il n'est pas possible de garder ses distances.
Et partout, la prudence reste de mise, ce qui impose parfois de faire preuve d'ingéniosité.
"En vertu de la réglementation, nous pouvons servir une table sur deux, mais cela crée un sentiment de vide", explique à l'AFP Bernie Ter Braak, le propriétaire d'un restaurant de Vilnius qui, pour compenser, a installé sur ses chaises des mannequins habillés par les boutiques de mode des alentours.
- "Ce virus n'a pas d'âge" -
C'est désormais en Amérique latine et dans les Caraïbes que le nombre des contaminations augmente le plus rapidement.
Le Brésil est en première ligne: après une hausse record de 1.188 morts du coronavirus en une journée, le pays a dépassé le seuil des 20.000 victimes. Mais le président d'extrême droite Jair Bolsonaro continue de minimiser la dangerosité du virus et de critiquer le confinement.
"Ce virus n'a pas d'âge, on le voit bien ici, personne n'est à l'abri", confie à l'AFP Carlos Gomes, un employé du gigantesque cimetière public de Vila Formosa, près de Sao Paulo, où le nombre de mise en bière quotidienne a doublé.
Au Pérou, les hôpitaux de Lima sont au bord de la rupture, au Chili, les contaminations ont bondi de 29% en 24 heures, au Mexique, la reprise éventuelle du championnat de football a du plomb dans l'aile après que huit joueurs de l'équipe de Santos Laguna ont été testés positifs.
Et partout, l'économie plonge. Selon l'ONU, la croissance chutera de 5,3% et 11,5 millions de personnes supplémentaires s'inscriront au chômage en 2020 en Amérique latine.
La situation n'est guère meilleure en Russie, où le PIB va se contracter de 9,5% au second trimestre, selon des estimations publiées jeudi.
Le pays compte plus de 317.000 contaminés recensés et 3.099 morts selon les chiffres officiels, et s'inquiète pour une gigantesque mine d'or de Sibérie où plus de 1.100 cas ont été diagnostiqués.
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