"Over!" : à l'injonction, Huan Huan, la femelle panda du zoo de Beauval, se couche docilement sur le dos dans sa cage d'examen pour se soumettre à une échographie. A croire qu'elle comprend l'anglais...
A la seule lueur blafarde de l'écran, une petite dizaine de personnes concentrées suivent l'examen. Pendant ce temps, Huan Huan, décontractée, gobe avec gourmandise les quartiers de pomme que lui fournit la responsable du quartier des pandas, Delphine Pouvreau. Cette fois encore, le chef vétérinaire du zoo de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher (Loir-et-Cher) ne parviendra pas à déceler la présence d'un foetus.
Auparavant, à grand renfort de courbes et de comparaisons d'analyses, le chef vétérinaire du zoo, Baptiste Mulot, aura longuement conféré avec deux spécialistes chinoises, venues spécialement du centre de recherches et d'élevage de pandas de Chengdu (Sichuan, sud-ouest de la Chine) pour conseiller les responsables du zoo.
Huan Huan, qui fêtera en août son huitième anniversaire, a eu ses chaleurs en février et une insémination artificielle a été pratiquée le 19 février avec du sperme du mâle de Beauval, Yuan Zi, qui ne paraissait pas du tout intéressé par un accouplement dans les règles de l'art.
Depuis, la femelle se plie volontiers aux examens et prélèvements d'urine sous la direction de Delphine Pouvreau. Jusqu'ici, les analyses révèlent une hausse du taux de progestérone pouvant annoncer un heureux événement. Hélas, les femelles panda ont une fâcheuse tendance à tromper leur monde avec une "pseudo gestation", une sorte de grossesse nerveuse: tous les signes cliniques y sont, mais de polichinelle dans le tiroir... point.
- Réponse début juillet -
Les pandas ont en outre la faculté, rarissime dans le règne animal, de pouvoir stopper la gestation à son début: durant cette "diapause", l'ovocyte n'est pas nidifié et il n'y a pas d'imprégnation hormonale.
Cependant, à partir du 19 mai, les soigneurs de Huan Huan ont constaté une baisse d'activité: elle avait davantage tendance à se blottir dans sa loge de nuit et à dormir. Son appétit était aussi en berne: d'ordinaire, elle engloutit environ 40 kilos de bambous par jour et sa consommation a chuté jusqu'à une dizaine de kilos.
Huan Huan présente en outre une très belle courbe croissante de progestérone et ses mamelles produisent même du colostrum, cette substance riche en protéines et anticorps précurseur de la lactation, typique d'une fin de gestation.
Pourtant, Baptiste Mulot et les deux spécialistes chinoises Duan Dong Qiong et He Ping sont dubitatives: Huan Huan a retrouvé l'appétit au cours des deux derniers jours et, surtout, elle est d'humeur mutine et joueuse alors qu'elle devrait rester prostrée et se nourrir à peine.
"Son comportement n'est pas cohérent avec une vraie gestation... Mais, cela c'est par rapport à la norme... Il y a des gestations vraies atypiques. Le moment de vérité, ce sera dans les quarante-huit heures qui suivront la baisse du taux de progestérone: Huan Huan mettra bas un petit... Ou pas", résume le vétérinaire.
Réponse début juillet, concluent M. Mulot et les spécialistes chinoises, qui se relaieront 24 heures sur 24 pour surveiller Huan Huan lorsque la baisse d'hormones aura été constatée. Avec, peut-être, la naissance d'un minuscule bébé panda de 150 grammes...
Arrivés à Beauval en 2012 à l'issue d'intenses tractations au plus haut niveau entre Paris et Pékin, Huan Huan et Yuan Zi sont les seuls pandas présents en France.
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