L'UE a annoncé mardi qu'elle s'apprêtait à signer pour 300 millions de doses du nouveau vaccin contre le Covid-19 de Pfizer, trois fois plus que les doses pre-commandées à ce stade par les Etats-Unis, après que le groupe pharmaceutique a annoncé qu'il réduisait de 90% le risque de contracter la maladie.
On ignore encore si le vaccin confère une immunité longue. Mais l'annonce de Pfizer a immédiatement provoqué une vague d'optimisme et un bond des Bourses mondiales, dix mois seulement après le séquençage du coronavirus, une prouesse scientifique.
L'UE "a conclu ses négociations" avec l'américain Pfizer et l'allemand BioNTech et signera un contrat "dans les prochains jours" pour acheter jusqu'à 300 millions de doses de leur vaccin contre le Covid, a annoncé la Commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides.
"Nous pensons que ce contrat sera signé dans les prochains jours", a-t-elle dit.
Il sera finalisé "bientôt", a précisé Ursula von der Leyen, présidente de l'exécutif européen.
La signature annoncée du contrat par les Européens intervient alors que les Américains ont déjà précommandé 100 millions de doses et envisagent des premières vaccinations avant la fin de l'année.
Pfizer a prévu de déposer une demande d'autorisation à l'Agence américaine des médicaments (FDA), à condition que l'innocuité du vaccin soit confirmée, d'ici la semaine prochaine.
La distribution ne serait plus qu'une question de "semaines", a assuré Alex Azar, secrétaire américain à la Santé.
L'UE estime qu'un vaccin pourrait être autorisé "début 2021", selon une source européenne.
L'exécutif européen avait conclu début septembre un accord préliminaire avec BioNTech et Pfizer pour précommander 200 millions de doses de leur vaccin avec l'option d'acquérir cent millions de doses supplémentaires.
L'UE a déjà signé trois contrats pour précommander d'éventuels vaccins: avec le suédo-britannique AstraZenaca et l'américain Johnson & Johnson (jusqu'à 400 millions de doses auprès de chacun), ainsi qu'avec le duo franco-britannique Sanofi-GSK (jusqu'à 300 millions de doses).
D'autres pays --Japon, Canada, Royaume-Uni...-- ont également passé commande auprès de Pfizer, et la demande initiale est assurée de dépasser l'offre, Pfizer prévoyant de pouvoir fabriquer 50 millions de doses en 2020 et 1,3 milliard l'an prochain.
Le président américain Donald Trump a salué une "excellente nouvelle". Joe Biden, qui le remplacera à la Maison Blanche le 20 janvier, a évoqué un signe d'"espoir".
Les ONG s'inquiètent depuis des mois de la monopolisation des doses par les pays riches. "Le vaccin sera efficace à 0% pour les personnes qui n'ont pas les moyens d'y accéder", a réagi Robin Guittard, porte-parole d'Oxfam France.
Selon Pfizer et son partenaire allemand BioNTech, leur vaccin, pris en deux doses espacées de trois semaines, est "efficace à 90%", d'après des résultats préliminaires d'un essai à grande échelle encore en cours, qui n'ont pas été détaillés. Il a réduit de 90% le risque de tomber malade dans le groupe vacciné, par rapport au groupe placebo.
Un autre vaccin, développé par l'Américain Moderna et dont on attend les résultats, utilise la même technologie. On attend aussi les résultats d'un autre vaccin très avancé, développé par AstraZeneca et l'université d'Oxford.
Un conseiller scientifique du gouvernement britannique, John Bell, a estimé mardi que "deux ou trois" vaccins contre le nouveau coronavirus pourraient être disponibles d'ici début 2021. "Je suis assez optimiste", a dit ce professeur de médecine à l'Université d'Oxford.
Le candidat vaccin CoronaVac du laboratoire chinois Sinovac Biotech a en revanche connu un coup d'arrêt: l'autorité sanitaire du Brésil a annoncé dans la nuit de lundi à mardi en avoir suspendu les essais cliniques après "un incident grave" constaté chez un volontaire.
Sinovac Biotech s'est néanmoins dit mardi "confiant dans la sûreté du vaccin", affirmant que l'incident en question était "sans rapport" avec le médicament.
L'Agence de vigilance sanitaire brésilienne (Anvisa) n'a pas fourni de détails sur ce qui s'est passé, mais a indiqué que ce type d'incidents pouvait inclure la mort.
- "Une erreur" -
Les Etats-Unis ont battu plusieurs jours de suite leur record de nouvelle contaminations, bien au-delà de 100.000 par jour. Ils ont atteint lundi 10 millions de cas officiels.
Plus de 238.000 habitants du pays sont morts du virus, officiellement, mais les autorités sanitaires estiment que le bilan réel est supérieur à 300.000 morts.
La pandémie a fait au moins 1.263.890 morts dans le monde et plus de 50,9 millions de cas de nouveau coronavirus ont été détectés, selon un bilan établi mardi par l'AFP à partir de sources officielles.
Le virus continue de faire des victimes parmi les personnalités: le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat en est mort mardi à l'âge de 65 ans.
En Europe, où plus de 12,7 millions de cas ont été enregistrés, le Portugal est entré en état d'urgence sanitaire, assorti d'un couvre-feu dans la majeure partie du pays.
La plus grande partie de l'Europe est soumise à divers niveaux de confinements ou de couvre-feux.
Le Liban a annoncé mardi un confinement "total" du pays durant deux semaines.
Mais des mesures drastiques doivent parfois être remises en question.
Ainsi, après avoir annoncé une campagne d'abattage généralisée de visons pour combattre une mutation du coronavirus, le Danemark a reconnu qu'elle n'était pas légale en dehors des zones concernées par la contamination. "Une erreur", a avoué le ministre de l'Alimentation, Mogens Jensen.
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