Des visages en sang, des hommes et des femmes en pleurs, au moins une vingtaine de morts: plusieurs explosions à l'aéroport international et dans le métro ont plongé Bruxelles et sa population dans la stupeur et l'horreur mardi matin.
"Un monsieur a crié en arabe, il a crié quelques mots et j'ai entendu une grosse déflagration", raconte à l'AFP Alphonse Lyoura, du sang sur les mains. "C'était la panique générale", poursuit cet employé qui s'occupait de la sécurité des bagages à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem.
Il a entendu un premier tir à 08H00 (07H00 GMT), avant une "forte explosion". "J'ai aidé au moins six, sept blessés, on a sorti cinq corps qui ne bougeaient plus", affirme-t-il à l'AFP.
"Tout le monde fuyait, tout le monde trouvait un moyen pour se planquer, c'était la débandade", raconte Michel Mpoy, 65 ans, venu chercher un ami arrivant de Kinshasa.
Valérien, un autre témoin, dit avoir vu des "des blessés partout". "J'ai vu une maman, elle n'avait rien, mais son enfant était blessé", raconte-t-il.
Les différents témoignages recueillis par l'AFP situent vers 08H00 la première déflagration entendue dans l'aéroport.
Une heure plus tard, une journaliste de l'AFP a vu des centaines de personnes évacuant l'aéroport, tirant leurs valises, appellant leurs proches au téléphone.
"On a entendu un grand boum", raconte Anne, qui travaillait dans le hall d'entrée. "On a cru que c'était les travaux parce qu'il y a beaucoup de travaux, mais on a vu des personnes arriver en panique". "Elles pleuraient, elles avaient peur", dit-elle.
- 'Du sang dans l'ascenseur' -
Parmi une trentaine d'employés évacués de l'entreprise Swissport, une compagnie de sous-traitance aérienne au sol, des femmes en larmes, certains qui s'étreignent.
Peter était dans le hall des départs, au comptoir Swissport. "J'ai entendu la première explosion, j'ai pris un enfant dans mes bras, je l'ai caché sous un comptoir, après je l'ai confié a un policier", temoigne-t-il.
"Il y avait des blessés partout, certains ne bougeaient plus. Je voulais aider mais je ne pouvais pas", explique-t-il. "Je me suis sauvé le plus vite possible".
Jean-Pierre Lebeau venait lui d'arriver à l'aéroport, en provenance de Genève, quand il a entendu la première déflagration. "On a senti le souffle", dit-il, décrivant ensuite "le plafond tombé... une odeur de poudre... du sang dans l'ascenseur". "On a d'abord été parqués vers la Police aux frontières puis on nous a donné l'ordre d'évacuer".
A l'extérieur de l'aéroport, un couple est enlacé, visiblement choqué. "Ma femme venait juste d'arriver. Nous nous sommes salués et nous avons pris l'ascenseur", se souvient Jean-Pierre Herman. Tous deux ont alors "couru vers une sortie d'urgence".
- 'C'est horrible' -
A une dizaine de kilomètres de là, peu après 09H00, c'est le coeur du quartier européen de Bruxelles qui a été gagné par la panique après une explosion dans la station de métro de Maelbeek.
La situation était très confuse devant cette station, d'où s'échappait un nuage de poussière vers 09H30. Un journaliste de l'AFP a vu une quinzaine de personnes au sol, recevant les premiers soins sur le trottoir. Parmi eux, plusieurs ont le visage en sang, certains pleurent.
La scène se déroule à trois cents mètres du bâtiment de la Commission européenne et des autres sièges des institutions européennes, devant laquelle affluaient dans la matinée des forces de sécurité.
Rapidement, autour de la sortie du métro, des agents de police établissent un périmètre de sécurité, repoussent fermement les badauds et coupent la circulation des voitures dans le quartier où des dizaines de fonctionnaires européens, en costume cravate, cherchent dans la confusion un moyen de gagner leur lieu de travail.
"Je n'ai rien, t'inquiète pas, c'est horrible", rassure une femme au téléphone, s'éloignant de la scène les larmes aux yeux.
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