"Paris, Londres, Berlin...", énumère Nina Bollen dans la cour du musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Comme cette jeune Néerlandaise, nombre de touristes étrangers dans l'ancienne capitale impériale russe ont appris à passer outre le risque d'attentat.
"Le risque zéro n'existe nulle part, mais nous n'allons quand même pas rester cloîtrés dans nos pays respectifs", relativise la jeune étudiante, venue passer quelques jours chez des amis dans la deuxième ville de Russie.
A son tour, Saint-Pétersbourg a été frappée lundi lorsque l'explosion d'une bombe activée dans le métro par un homme de 22 ans né au Kirghizstan et identifié par les autorités russes comme Akbarjon Djalilov, a fait 14 morts et des dizaines de blessés.
Les palais, canaux et cathédrales de la ville, fondée à l'aube du XVIIIe siècle, ont accueilli 2,8 millions de touristes étrangers en 2016, selon les autorités. Autant dire que le tourisme constitue une activité cruciale pour l'économie de la ville qui multiplie les efforts pour attirer de nouveaux visiteurs, notamment chinois.
Sur la place du Palais, à deux pas du célèbre Ermitage, où les mesures de sécurité ont été renforcées, l'affluence n'est pas celle des grands jours. Mais des groupes de Chinois continuent de côtoyer des sosies de Catherine II et de Pierre le Grand ou des enfants jouant au ballon par un temps clément.
Pour Lisa et Frédéric, un couple de Français qui prévoit de se rendre à Moscou dans les prochains jours, les derniers événements tragiques sont presque passés inaperçus.
"On a vu les fleurs et les bougies, mais il n'y a pas eu de grands rassemblements comme à Paris. C'est à peine si on voit une différence", lance le jeune homme, un habitué de la Russie.
Sur Nevski, avenue emblématique de la ville, les foules de touristes flânent toujours entre les poupées russes multicolores des magasins de souvenirs. Ils remarquent à peine les passants qui se dirigent, fleurs à la main, vers le centre pour se recueillir devant les mémoriaux improvisés aux sorties du métro.
Au pied de l'imposante cathédrale Saint-Isaac, les bus touristiques rouges à deux étages ont retrouvé leur place et les silhouettes sont nombreuses sur le balcon panoramique de la coupole, sous laquelle l'une des premières messes en hommage aux victimes avait été prononcée lundi peu après l'attentat.
- "Courant" -
Les autorités locales, elles, se veulent rassurantes: elles promettent de tout faire pour la sécurité et la tranquillité des touristes, vitaux pour les petits commerces et les nombreux hôtels de la ville.
"Nous vivons dans un monde où ce mal du terrorisme existe. Je peux vous dire comme à tous ceux qui vont à Paris ou à Londres: venez chez nous!", a exhorté le gouverneur de la ville, Gueorgui Poltavtchenko.
S'il est trop tôt pour mesurer l'impact de l'attentat, les voyagistes s'accordent à se montrer rassurants. "Il peut y avoir des annulations, mais la demande est restée très forte. Pour l'été, toutes les places dans les hôtels sont réservées", souligne Irina Tiourina, porte-parole de l'Union russe des tours-opérateurs.
Le syndicat français des agences de voyage doute également qu'il y ait un gros recul de fréquentation. "Cela peut ralentir les flux mais de façon temporaire, brièvement, car malheureusement on est dans un contexte où les attentats sont devenus quelque chose de presque courant", estime son président, Jean-Pierre Mas.
Berlin en a fait l'amère expérience après l'attentat contre son marché de Noël qui a fait 12 morts en décembre: selon la Fédération allemande des voyagistes, la ville "s'est relativement vite relevée" en tant que destination touristique.
Sur les quais de la Néva, Nick Hewitt, 33 ans, est en tout cas catégorique. Pour ce touriste américain également passé par Londres lors de l'attentat devant le Parlement, son voyage en Europe sera "business as usual". Comme si de rien n'était.
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