Le site américain Airbnb, critiqué pour concurrencer les hôtels et favoriser les locations courtes non déclarées, a assuré jeudi vouloir "coopérer" avec la ville de Paris et les autorités, à quelques semaines de l'obligation de collecter la taxe de séjour auprès de ses hôtes.
"Paris est la ville numéro 1 pour notre site, avec 40.000 logements proposés et 1,8 million de personnes qui y ont séjourné", s'est réjoui Brian Chesky, 33 ans, cofondateur de ce site de location d'appartements, créé en 2008 à San Francisco.
"Et la plupart ne seraient pas venus sans la solution Airbnb", a-t-il assuré pour promouvoir un site en plein développement mais qu'hôteliers et pouvoirs publics regardent parfois d'un mauvais œil.
Les premiers ont vu une "concurrence déloyale" dans cette plateforme qui permet à des particulier de louer une de leur chambre ou un appartement pour une ou plusieurs nuits à des touristes.
Les seconds surveillent que ce système ne favorise pas les locations de courte durée non déclarées par les propriétaires et qu'il n'éloigne pas trop de logements du marché de la location traditionnelle, moins rémunérateur, au risque de déstabiliser un secteur en tension.
Le jeune entrepreneur Brian Chesky s'est montré rassurant devant la presse, martelant son intention de "coopérer" avec la Mairie de Paris et de "s'assurer que les hôtes respectent bien les lois locales et les régulations".
"Nous travaillons de façon active à mettre en place des cadres légaux" contre les effets pervers induits par la location courte durée, a renchéri Nicolas Ferrary, directeur France d'Airbnb.
Mi-février, le Conseil de Paris a approuvé une hausse de la taxe de séjour acquittée par les hôteliers et étendu cette taxe aux meublés et chambres d'hôtes, garantissant une concurrence ainsi plus équitable.
Les touristes acquitteront dorénavant la taxe, Airbnb jouant le rôle de collecteur au nom des hôtes.
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Ainsi, la taxe, qui rapporte aujourd'hui 40 millions, devrait rapporter le double dès que cette collecte sera mise en place.
De son côté, l'adjoint de la maire de Paris, Bruno Julliard, a qualifié d'"ambivalente" la relation de la ville avec Airbnb : "d'un côté il y a une grande fierté, une admiration mais aussi un certain nombre de craintes de concurrence déloyale".
"L'offre de Airbnb est un atout pour la capitale, qui est en déficit de chambres d'hôtels, il y a donc de la place pour tout le monde, y compris pour Airbnb", a-t-il expliqué.
Mais, a-t-il assuré, la ville sera "intraitable face aux personnes qui louent leur appartement dans l'illégalité car il est inacceptable de surfer sur la crise du logement à Paris".
Pour l'élu PS, "il ne faut pas que certains soient privés de logements pour y vivre quand d'autres usent d'un système très lucratif".
"Je pense qu’au final nous permettons à des personnes de partager leur espace et aux gens qui ne pouvaient pas se permettre de venir à Paris d'y séjourner", a résumé M. Chesky, précisant que "le taux d'occupation (dans les hôtels, NDLR) à Paris était vraiment haut avant que nous arrivions et il l'est toujours aujourd'hui".
Les hôteliers eux ne sont pas du même avis et gardent Airbnb dans le viseur depuis plusieurs mois. Par la voie de leur principal syndicat l'Umih, ils ont récemment adressé une lettre au Premier ministre Manuel Valls pour protester contre "l'explosion de concurrence déloyale" dans leur secteur.
L'organisation demande en premier lieu l'interdiction de la location de meublés à la nuitée (résidence principale ou secondaire) et la fixation d'une durée minimale de location de 7 jours, comme c'est le cas, souligne-t-elle, dans de nombreuses destinations touristiques.
Le groupement national des indépendants (GNI), union du Synhorcat, la CPIH et la Fagiht, propose notamment dans un communiqué la mise en place d'une "procédure d'enregistrement des loueurs auprès de la mairie ou de rendre obligatoire la délivrance d'un numéro d'enregistrement", devant être affichés sur les annonces.
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