L'association de défense des animaux L214 et la fondation 30 millions d'amis ont dénoncé mardi les "conditions de vie catastrophiques" dans un élevage de 185.000 poules pondeuses à Caro (Morbihan), qui fournit le groupe agroalimentaire Avril, numéro un français des huiles de table et des œufs.
"Plusieurs poules sont abandonnées au sol, à proximité des cadavres entassés de leurs congénères, parfois en état de décomposition avancée. Elles n'ont plus accès ni à l'eau, ni à la nourriture distribuées dans les cages et sont donc assoiffées et affamées. Certaines mourront ainsi de soif et de faim", écrivent les associations dans un communiqué qui accompagne des images "tournées le 3 mai" et diffusées sur internet.
"L'élevage en cage est une pratique ignoble pour les animaux. Cette exploitation fournissant le groupe Avril aggrave encore leur supplice du fait du ramassage bâclé et de l’indifférence totale quant au sort des nombreuses poules tombées au sol, agonisantes ou déjà mortes", ajoutent-elles.
Sollicité par l'AFP, le procureur de la République à Vannes a confirmé avoir reçu mardi "une plainte de la Fondation 30 millions d'amis et de L214, dirigée contre la SARL Avicole du sous-bois et sa gérante", pour "mauvais traitements à animaux commis par un professionnel et abandon d'un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité et qu’une enquête préliminaire a été ouverte".
"C'est du harcèlement complet", a dénoncé l'exploitante Anne-Françoise Robin, évoquant un "bon montage". "C'est simple de fournir des images choc quand on veut qu'elles soient choc. Qu'on arrête de taper sur les éleveurs qui font le job", a-t-elle ajouté.
"On fait notre travail de notre mieux en appliquant toutes les réglementations qui nous sont imposées. On est toute l'année avec nos animaux, dimanches, jours fériés et fêtes comprises", a ajouté l'éleveuse, par ailleurs trésorière du comité national pour la promotion de l'œuf (CNPO).
"Ils me visent parce que j'ai des responsabilités dans le métier et que je fournis le groupe Avril", a-t-elle pointé.
Selon les associations, le groupe Avril ne s’est en effet "toujours pas engagé publiquement à tourner le dos à l’élevage en cage pour l'ensemble de ses activités, contrairement à plusieurs de ses concurrents".
"Ce n'est pas parce que nous n'avons pas pris d'engagement public que le groupe Avril n'est pas engagé dans la conversion", a réagi David Cassin, directeur des relations parties prenantes du groupe agro-industriel, qui produit 3,5 milliards d’œufs par an (25% de la consommation française).
Pour les œufs destinés à l'industrie agroalimentaire et à la restauration collective, "on est pris entre nos éleveurs, que l'on doit accompagner pour ne pas les laisser à la rue, et des clients qui ne sont pas toujours engagés pour un arrêt de la cage", a-t-il ajouté à l'AFP.
L'éleveuse mise en cause dans le Morbihan est d'ailleurs "engagée dans la conversion", a souligné M. Cassin.
Mme Robin a en effet indiqué qu'elle était en train de convertir un de ses bâtiments en bio et que les trois autres devaient être transformés en volières dans un an, alors que les poules sont actuellement en cages.
La part des poules pondeuses élevées dans des modes alternatifs aux cages est passée de 19% en 2008 à 42,2% en 2018 en France, selon le CNPO.
Outre les élevages en cages (Code 3 sur les œufs), les poules peuvent être élevées au sol sans parcours extérieur (code 2), en plein air (code 1) ou en élevage biologique (code 0).
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