La vente en pharmacie des substituts nicotiniques a été limitée par le gouvernement vendredi et celle par internet a été suspendue, pour éviter une ruée sur ces patchs, gommes à mâcher ou pastilles après l'annonce d'un éventuel effet protecteur de la nicotine contre le Covid-19.
Le but de cette décision est "d'une part, de prévenir les risques sanitaires liés à une consommation excessive ou un mésusage liés à la médiatisation d'une éventuelle action protectrice de la nicotine contre le Covid-19", selon un arrêté paru au Journal officiel.
Cette décision vise "d'autre part (à) garantir l'approvisionnement continu et adapté des personnes nécessitant un accompagnement médicamenteux dans le cadre d'un sevrage tabagique".
"Jusqu'au 11 mai 2020, la dispensation par les pharmacies d'officine de spécialités contenant de la nicotine et utilisées dans le traitement de la dépendance tabagique est limitée au nombre de boîtes nécessaire pour un traitement d'une durée de 1 mois", stipule l'arrêté.
"Le nombre de boîtes dispensées est inscrit au dossier pharmaceutique, que le patient ait ou non présenté une ordonnance médicale", précise le texte. En outre, "la vente par internet" de ces produits "est suspendue".
Des chercheurs français ont émis l'hypothèse mercredi que la nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre l'infection par le nouveau coronavirus. Pour la vérifier, des essais préventifs et thérapeutiques vont être entrepris avec des patchs à la nicotine à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris.
Les substituts nicotiniques "ont des effets indésirables, d'autant plus graves qu'ils sont pris par des non-fumeurs. Ils peuvent également entraîner une dépendance", a averti l'Agence du médicament (ANSM), justifiant de réserver leur accès "aux personnes qui en ont besoin dans le cadre d'un sevrage tabagique".
Ils "ne doivent pas être pris pour prévenir ou traiter une infection par le coronavirus", insiste l'agence sanitaire dans un communiqué.
"J'invite les Francais à ne pas aller s'équiper" en patchs, a affirmé le ministre de la Santé, Olivier Véran, vendredi matin sur France Inter, en rappelant qu'il "y a 70.000 morts du tabac chaque année en France".
Il a jugé que la nicotine était "une piste intéressante": "Il y a des analogues de la nicotine qui peuvent être developpés en laboratoire et qui permettraient d'éviter les effets addictifs" de cette substance.
"Pour vérifier cette hypothèse, des essais cliniques doivent être menés", a souligné l'ANSM, évoquant plusieurs projets en cours d'élaboration par des équipes hospitalières.
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