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De retour à l'Arc de Triomphe, les touristes "comprennent" les "gilets jaunes"

De retour à l'Arc de Triomphe, les touristes "comprennent" les "gilets jaunes"
Des touristes sur le toit de l'Arc de Triomphe le 12 décembre 2018Christophe ARCHAMBAULT
 
 

Près de l'Arc de Triomphe rouvert mercredi après des dégradations, les quelques touristes présents se disent choqués par les images de vandalisme des dernières semaines. Mais pas par le mouvement des "gilets jaunes": "On les comprend", glisse une Espagnole.

Au pied de l'un des plus grands symboles de Paris, l'image classique de visiteurs japonais, chinois, britannique ou américains faisant des selfies est de retour, remplaçant celle qui a fait le tour du monde: des manifestants en colère, prenant d'assaut le monument napoléonien.

"C'est tellement l'image-icône de Paris", affirme à l'AFP Jack O'Toole, un entrepreneur américain venu avec son fils et sa femme.

Comme la plupart des visiteurs encore rares à la réouverture officielle de l'Arc, il avait acheté son billet avant les évènements.

"On était là samedi. On a vu les voitures incendiées, les +gilets jaunes+ protester, mais nous sommes venus quand même (aujourd'hui)", sourit-il.

"C'est difficile pour moi de comprendre pourquoi ils brûlaient des scooters et des voitures de type SMART (...) je ne pense pas que la violence soit bénéfique", ajoute cet entrepreneur, qui visite cette "si belle ville" pour la première fois.

Mais si beaucoup déplorent la violence, ils ressentent aussi une sympathie particulière pour ces "gilets jaunes" français.

- "Nous ressentons la même chose" -

"Je viens voir s'il en reste quelque chose", s'esclaffe l'Argentin Juan Molina en désignant le monument.

Plus sérieux, il dit "non seulement comprendre les manifestants et la lutte pour les droits, mais les soutenir également".

"Nous connaissons une situation similaire dans notre pays... ça arrive souvent, c'est normal", assure-t-il aux côtés de ses deux filles et sa femme, près de la tombe du soldat inconnu.

En Argentine, économie émergente sous forte pression économique, le président Mauricio Macri a engagé des coupes budgétaires drastiques.

"En Espagne, nous ressentons la même chose; les gens ne font que réclamer leurs droits", affirme Beatriz Fraile. Même si "la violence ne mène à rien" car "ce sont les citoyens qui paient les pots cassés", ajoute cette touriste qui visite également Paris pour la première fois.

A l'intérieur du musée, presque aucune trace de vandalisme n'est visible désormais. Une dizaine d'entreprises a contribué à la remise en état du site.

Une exception: le moulage de la Victoire offre encore un trou béant au niveau du visage de l'effigie. Il sera restauré in situ, l'objet étant trop fragile pour être déplacé.

Les travaux se feront derrière une paroi et "le public pourra suivre le processus", a expliqué Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux (CMN). Il a précisé que la remise en état finale du monument doit encore prendre quelques semaine, tandis que le coût total avoisinerait un million d'euros.

"Tout le monde a le droit d'exprimer librement son opinion sans violence", avance Ester, venu de Madrid depuis vendredi avec son mari José. "Mais pas besoin de briser des vitres ou de brûler des voitures car c'est là qu'on perd la raison, la capacité à convaincre".

Son époux acquiesce mais exprime aussi sa sympathie à l'égard des révoltés.

En Espagne, "nous nous accommodons (de la situation), nous sommes moins militants qu'en France. Bien moins", sourit-il.

"Les gens ne sortent presque jamais dans la rue alors que la situation est encore mauvaise".

S'il dit admirer l'esprit frondeur des Français, il ne peut s'empêcher de faire remarquer l'écart entre les niveaux de vie.

"Le président français a annoncé une hausse de 100 euros [mensuels pour les salariés au Smic], alors que le salaire minimum ici est de 1.500 euros. En Espagne, où la vie est moins chère mais pas tant que ça, il est de 700 euros...".


 

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