La rapidité est une des clés du succès pour les enquêteurs chargés de la traque des terroristes des attentats de Paris. Le salon Milipol de la sécurité intérieure présente certaines des solutions pour aider les forces de l'ordre dans leur travail de prévention, d'investigation et de neutralisation de la menace.
Dans un tel contexte, où "il faut aller très vite pour nourrir une enquête qui ne peut pas traîner", des technologies peuvent aider à "traiter rapidement l'information" recueillie par les enquêteurs, explique Thierry Delville, inspecteur général de la police nationale et délégué ministériel, à l'occasion du salon qui se tient à Villepinte, au nord de Paris.
L'opération de police mercredi matin à Saint-Denis, a par exemple été déclenchée sur la base de données de téléphonie, de vidéosurveillance, des perquisitions et témoignages recueillis par les enquêteurs, comme l'a expliqué François Molins, le procureur de la République de Paris.
"Le travail d'enquête judiciaire va s'appuyer sur des outils nouveaux en matière de police technique et scientifique, et le traitement s'accélère", résume Thierry Delville. Le but: "pouvoir analyser très rapidement les données, que ce soit un ADN, une empreinte digitale, une donnée d'un téléphone portable que l'on va retrouver sur place."
En termes de vidéosurveillance par exemple, il est impératif d'"aller plus vite dans l'exploitation de l'information. La caméra apporte un flux de données qu'il il va falloir analyser très, très rapidement pour donner des réponses concrètes", souligne-t-il.
"Le premier ennemi de l'enquêteur, c'est le temps", abonde Samuel Fringant, directeur de la division sécurité de Morpho, filiale de biométrie et systèmes de détection de Safran. "Rien ne remplace l'enquêteur, la technologie reste au service de l'homme, mais on démultiplie ses moyens pour pouvoir traiter le maximum d'informations très vite."
- Montres intelligentes -
Morpho, qui réalise 1,5 milliard d'euros d'activité dans le secteur, propose diverses solutions allant de la prise d'empreintes à partir d'un appareil portatif, voire d'un téléphone portable, à une application pour reconstituer le visage d'une personne, et donc l'identifier à partir d'images prises de profil. On peut ainsi dresser son portrait et le comparer à une base, y compris ancienne, grâce à des points caractéristiques, en faisant donc fi du vieillissement de la personne.
Le groupe, qui a le FBI américain parmi ses clients, propose également un système de reconnaissance des points caractéristiques d'empreintes superposées pour, là encore, identifier une personne.
"Dans le cadre d'une enquête judiciaire, la capacité à traiter ces informations de plus en plus nombreuses aussi vite est un point critique", souligne Samuel Fringant.
Dans la vidéosurveillance, Morpho - comme son concurrent Thales -, propose un outil pour repérer rapidement une personne recherchée grâce à la reconnaissance faciale, et savoir quand et où elle est passée. Il s'agit "pour l'opérateur de traiter pendant l'événement ou après l'événement tout le flux d'informations qui lui parviennent des caméras de sécurité voire des smartphone des particuliers", indique Samuel Fringant.
Thales, qui réalise un peu plus d'un milliard d'euros dans la sécurité, dont environ la moitié dans la cybersécurité, propose lui des solutions permettant de repérer des signaux faibles sur internet ou les réseaux sociaux pour prévoir un événement, pas nécessairement une menace, comme des hooligans qui se donnent simplement le mot pour se retrouver devant un stade.
Thales a aussi dévoilé pendant le salon une montre intelligente, non encore déployée, qui permet aux forces de l'ordre d'être en liaison permanente entre elles et avec leur centre de commandement, mais aussi d'appeler à l'aide et de filmer et transmettre en direct ce qu'elles voient.
"L'apport des technologies se fait à tous les niveaux, reprend Thierry Delville. Les services concernés au premier plan, le RAID, le GIGN, sont des services à très haute valeur technologique, très impliqués dans tout ce qui est recherché et innovation. C'est pour eux très important de suivre en permanence l'évolution de la menace. On a le sentiment qu'elle augmente et se diversifie, il faut qu'on ajuste cette réponse à la menace."
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