Le géant allemand de l'automobile Volkswagen, désireux de laisser les ravages du dieselgate derrière lui, a annoncé vendredi 44 milliards d'euros d'investissements pour accentuer son virage vers les voitures électriques et autonomes.
"Le groupe Volkswagen s'est fixé pour objectif dans sa stratégie d'accélérer le rythme des investissements. Nous allons concentrer nos investissements dans les domaines d'avenir", a expliqué le PDG de l'entreprise Herbert Diess à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance.
Concrètement, le groupe aux douze marques compte investir jusqu'à 44 milliards d'euros d'ici fin 2023, dont 30 milliards d'euros concerneront uniquement l'électrification de ses modèles, a précisé M. Diess.
- 'Reconversion' industrielle -
VW, qui a passé les trois dernières années empêtré dans le scandale provoqué par sa tricherie sur les émissions polluantes des véhicules diesels, augmente ainsi considérablement ses dépenses dans les technologies jugées propres.
L'an dernier à pareille époque il avait annoncé en ce sens un budget global de 34 milliards d'euros pour la période allant jusqu'en 2022.
"C'est la plus grande reconversion (industrielle) dans l'histoire du groupe", a même estimé Stephan Weil, le chef de l'exécutif de Basse Saxe, un État-région allemand et actionnaire important de Volkswagen.
Pour y arriver, le géant de l'automobile mise sur un élément clé, sa nouvelle plate-forme de production dédiée aux véhicules électriques, la MEB, qui a vocation à être utilisée par plusieurs marques du groupe.
S'il compte aujourd'hui 6 modèles électriques dans sa gamme, il veut porter ce chiffre à plus de 50 d'ici 2025, a assuré M. Diess.
De quoi tirer les prix de ces véhicules vers le bas. Un premier modèle devrait sortir en 2020 de la plate-forme MEB, une compacte offrant "550 kilomètres d'autonomie pour le prix d'une Golf diesel", a déclaré le dirigeant.
Volkswagen a par ailleurs annoncé que deux de ses sites de production de Basse-Saxe seront reconvertis en unités entièrement dédiées aux véhicules électriques. Le groupe a assuré qu'il n'y aurait aucune suppression de postes avant 2028.
En outre, le groupe souhaite construire une nouvelle usine en Europe de l’Est, qui accueillera des modèles de plusieurs marques. "Le nombre de nos usines multi-marques va augmenter dans le futur", a déclaré M. Diess.
Les grands groupes automobiles allemands ont pris du retard dans le développement des véhicules électriques, ne s'engageant véritablement dans ce secteur stratégique qu'après le "Dieselgate", lorsque Volkswagen avait reconnu avoir équipé ses véhicules diesel d'un logiciel capable de tromper les tests de niveau de pollution.
Ce scandale a déjà coûté au groupe 28 milliards d'euros, et entraîné une chute des ventes de diesel en Allemagne et dans le monde.
- Diesel interdit -
Les groupes automobiles sont par ailleurs confrontés en Allemagne à la multiplication des décisions de justice pour interdire la circulation des véhicules diesels là où les normes de pollution aux microparticules ne sont pas respectées.
Ce type d'interdictions concerne désormais aussi une portion d'autoroute très fréquentée dans la Ruhr, sur l'A40, selon une décision de justice rendue jeudi.
Ce jugement, et d'autres qui l'ont précédé, relèvent d'une "autodestruction" de la prospérité allemande et constituent une "menace (pour) la mobilité de centaines de milliers de citoyens", a vertement réagi jeudi le ministre allemand des Transports Andreas Scheuer dans les colonnes du tabloïd Bild.
Le gouvernement bataille depuis des mois contre les interdictions de circulation afin de préserver le secteur de l'automobile qui représente quelque 800.000 emplois.
Il tente d'obliger les constructeurs automobiles à reprendre les véhicules trop polluants ou à les adapter à leurs frais. Jusqu'ici, les mesures adoptées ont été jugées insuffisantes par les ONG et des experts, pour respecter les normes de qualité de l'air.
Enfin, Volkswagen a annoncé vendredi que ses pourparlers avec le géant américain Ford avançaient. Les deux groupes veulent coopérer sur le plan industriel afin de développer ensemble des véhicules utilitaires. Les deux groupes veulent travailler à des moteurs hybrides et sur la conduite autonome.
M. Diess a en revanche catégoriquement exclu toute prise de participation dans le groupe américain.
En Bourse, le titre Volkswagen a terminé vendredi en net recul de 2,52% à 143,92 euros. Ce repli s'explique par un "sentiment extrêmement négatif envers les voitures", selon Jürgen Pieper, analyste chez Metzler Bank, joint par l'AFP.
"Le programme de VW est très ambitieux et la volonté d’obtenir de bons résultats n’a pas changé, que demander de plus?", s'est-il interrogé.
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