Dénonçant une "catastrophe" économique, des forains ont manifesté mardi à Bayonne contre la modification de date des fêtes de la ville, en concurrence avec celles de Mont-de-Marsan en juillet prochain, mais le maire a dit vouloir persister et fustige un "chantage".
Toute la journée, une quarantaine de camions de forains ont sillonné la ville, dès 9h du matin, dans un concert de klaxons assourdissant. "Forains en colère" ou "Jean-René Etchegaray dictateur", du nom du maire de Bayonne, pouvait-on lire sur des banderoles accrochées aux camions.
La Fédération des forains de France, qui appelait à la mobilisation, déplore un "passage en force" de la mairie qui "n'a pas tenu compte des enjeux économiques liés à cette décision prise sans aucune concertation".
Les fêtes de la ville, traditionnellement organisées fin juillet, auront lieu l'an prochain du 16 au 20 de ce mois, en même temps que celles de Mont-de-Marsan, où l'événement constitue aussi un temps fort de la saison.
En réaction, le maire Jean-René Etchegaray a affirmé mardi soir lors d'une conférence de presse qu'il comptait maintenir ces nouvelles dates, pour "réduire la fréquentation et garantir une sécurité optimale", au regard des "drames" déjà survenus.
En 2023, les fêtes avaient été endeuillées par l'agression mortelle d'un habitant du centre-ville, tandis que cette année, un homme de 58 ans est mort quelques jours après une violente altercation.
"Si un maire ne prend pas ça en compte, il est irresponsable", a ajouté l'édile, qui souhaite revenir à une jauge "satisfaisante" de 1 million de personnes, sur cinq jours.
En 2023, les fêtes de Bayonne avaient enregistré une fréquentation record d'environ 1,3 million de festivaliers.
- "Chantage" -
Jean-René Etchegaray a aussi déclaré avoir essuyé une "fin de non-recevoir" de la part des forains tant que les dates seraient maintenues, malgré son "souhait d'installer un dialogue" avec eux. "Si ce n'est pas du chantage, je ne sais pas comment le qualifier", a-t-il ajouté.
Les forains, qui estimaient que l'élu devait "assumer d'avoir fait une erreur et revenir sur sa décision", ont d'ores et déjà annoncé une nouvelle mobilisation le 19 octobre, à l'occasion du match de rugby de l'Aviron Bayonnais contre le Racing 92, au stade Jean-Dauger.
Pour Nicolas Bruch, président de la fédération, "c'est une catastrophe pour nos entreprises. Quand je viens un mois et demi dans le Sud-Ouest en été, c'est 50% de mon chiffre annuel et là, vous enlevez une des trois grosses dates que sont Bayonne, Dax et Mont-de-Marsan".
La décision bayonnaise suscite également une "profonde incompréhension" du maire de Mont-de-Marsan, qui déplore l'absence de "concertation préalable". "Si les fêtes de Bayonne sont victimes de leur surmédiatisation et de l'affluence qu'elles génèrent, nous sommes de notre côté très fiers de la nature apaisée et conviviale des fêtes de la Madeleine", a déclaré l'élu, Charles Dayot, dans un communiqué.
"Je continue de dire que ma porte est ouverte", a répondu le maire Jean-René Etchegaray, qui doit rencontrer son homologue landais "assez rapidement".
L'été dernier, Bayonne avait déjà avancé la date de ses fêtes en raison des Jeux olympiques, qui mobilisaient l'essentiel des forces de sécurité du pays.
Selon la municipalité, ce changement a permis "d'apaiser" l'événement, dont la fréquentation a baissé de près de 20%. Organisé du 10 au 14 juillet, il se trouvait alors en concurrence avec les fêtes de Pampelune, au Pays basque espagnol, ville jumelée avec celle de Bayonne.
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