Les délégués syndicaux de l'entreprise Caterpillar Belgium se sont présentés lundi matin aux portes de l'entreprise à Gosselies (Charleroi) pour participer à la première réunion prévue dans le cadre de la procédure Renault. Programmée après l'annonce de la fermeture du site début septembre, elle devrait permettre aux syndicats de poser une première série de questions sur les raisons de cette décision.
La procédure Renault comprend deux phases successives. La première dite d'information et de consultation permet aux syndicats et à la direction d'échanger sur la situation de l'entreprise. Les syndicats de Caterpillar ont d'ores et déjà annoncé vouloir recevoir l'étude sur laquelle le groupe Caterpillar s'est appuyé pour prendre la décision de fermer le site de Gosselies.
Lors de l'annonce, Mark Thompson, le directeur financier du groupe avait invoqué des raisons liées à la taille du site, à ses surcapacités de production ainsi qu'à la possibilité de poursuivre ailleurs à moindres coûts les mêmes productions.
La seconde phase consiste, quant à elle, en le versement d'une indemnité spéciale.
Le ministre de l'Emploi Kris Peeters préfère ne pas dévoiler son jeu
Dévoiler à l'heure actuelle des éléments nouveaux sur d'éventuels efforts du gouvernement fédéral - notamment en matière de prépension - donnerait une marge de manœuvre à la direction de Caterpillar dont pourraient pâtir les syndicats dans la négociation actuelle, a fait observer lundi le ministre de l'Emploi Kris Peeters, à son arrivée à une réunion des gouvernements fédéral et wallon avec les syndicats de l'entreprise de Gosselies. "Le plus important maintenant, c'est d'aider les syndicats pour négocier avec la direction avec fermeté. Ce ne serait pas très intelligent de lancer des éléments qui donneraient à Caterpillar une marge de manœuvre, ce n'est le but ni du gouvernement ni des syndicats", a commenté le vice-Premier ministre CD&V. Il en va de même à ses yeux de l'annonce de toute autre décision qui pourrait court-circuiter les négociations en cours lors de la première phase de la loi Renault.
Les syndicats, eux, comptaient sur cette réunion avec les principaux ministres fédéraux et wallons pour envisager des dérogations aux diverses législations, mais "sans vouloir accélérer les choses", a tempéré le président de la FGTB Métal Hainaut-Namur, Antonio Cocciolo, conscient des enjeux de la négociation dans la 1e phase de la loi Renault. Les prépensions à Caterpillar ne concerneraient qu'une minorité de travailleurs. En 2013, la restructuration avait déjà fait partir près d'un millier de travailleurs qui avaient atteint 52 ans et demi, a rappelé le syndicaliste. Aujourd'hui, si la barre reste à 55 ans, cela concernerait une petite centaine de personnes. Si elle descend à 52,5 ans, 300 à 350 personnes seraient éligibles à une prépension, désormais "Régime de chômage avec complément d'entreprise" (RCC).
Le ministre-président wallon Paul Magnette soulignait lui aussi que l'on n'était pas encore dans le plan social. "Ce qu'il faut maintenant c'est sauver tout ce qui peut l'être en termes d'emplois et de site". "Mais je ne comprendrais pas que l'on n'octroie pas aux Wallons ce qu'on a octroyé aux Flamands", a-t-il déclaré, réclamant "le même type d'avantages". Il ne réclame toutefois pas explicitement la même dérogation qu'avaient obtenue les ouvriers de Ford Genk pour une prépension à 52 ans.
Le dossier sera discuté au Parlement européen
Les eurodéputés ont approuvé, lundi soir, la demande du groupe socialiste d'ajouter à l'agenda de leur séance plénière à Strasbourg un débat sur la réindustrialisation de l'Europe, à la lumière des annonces récentes de licenciements chez Caterpillar, à Gosselies, et chez Alstom, à Belfort (France). Une résolution sera votée à la première plénière d'octobre.
Le débat aura lieu mercredi après-midi, avant la discussion prévue sur la décision de la Commission concernant Apple. Il tournera autour du "besoin d'une politique de réindustrialisation européenne à la lumière des récents dossiers de Caterpillar et Alstom".
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