Les cultivateurs de fruits et légumes traversent une passe difficile : après un printemps frais et pluvieux la production est en forte baisse dans quasiment toutes les filières, et la météo capricieuse de l'été n'aide pas à trouver des consommateurs.
"2016 est une année qui sort de l'ordinaire et la météo en est grandement responsable: hiver doux, printemps pluvieux et froid avec des gelées tardives", énumère Bernard Miozzo, animateur de la filière melon française.
Le melon se plante de la mi-mai à la mi-juillet, pour être récolté jusqu'à 3 mois plus tard, mais "les gelées ont obligé certains producteurs à replanter, ce qui a retardé le cycle", et a déséquilibré le marché car en conséquence "l'offre n'était pas suffisante en juin et en juillet", explique-t-il.
Agreste, le service de la statistique du ministère de l'Agriculture estime à 8% la baisse de la production française de melon.
Un printemps humide favorise les maladies comme le mildiou ou l'oïdium, "d'où la nécessité d'avoir des techniques de lutte" adéquates, et donc de pouvoir utiliser des produits phytosanitaires a assuré à l'AFP Raymond Girardi, le secrétaire général du Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), un syndicat qui organisait jeudi sa traditionnelle vente de fruits et légumes en direct à Paris.
Or, "la plupart des molécules interdites en France continuent à être utilisées dans les autres pays. Si le produit est dangereux, pourquoi il ne le serait pas dans les pays tiers. C'est de la concurrence déloyale!", s'est-il indigné.
Ainsi, les producteurs de cerises se sont vu interdire l'insecticide diméthoate, seul moyen de lutte contre la prolifération d'un moucheron ravageur. Associé aux températures fraîches, et au manque d'ensoleillement, ils s'attendent à voir leur rendement fortement baisser en 2016, sans l'avoir encore chiffré.
- grêle et gel des fleurs -
Selon Agreste, la production de pêches était elle en retrait de 6% au 1er août, quand celle d'abricots était estimée en baisse de 30% à 111.700 tonnes, principalement en raison des intempéries dans la région Rhônes-Alpes qui a cumulé le gel des fleurs et des épisodes de grêle.
De ce fait, malgré des cours en hausse de 20% par rapport à 2015, "le chiffre d'affaires national serait en repli de 29% sur un an" pour les producteurs d'abricots, souligne Agreste.
Si la production de courgettes n'est elle pas attendue en recul, "les conditions météo ont retardé la période des récoltes, décalant le pic de production en août", tandis que celle de concombre va se retrouver à un niveau identique par rapport à 2015, alors même que les surfaces implantées ont augmenté de 2%.
Le printemps froid a été suivi en juin de fortes pluies qui ont causé des inondations dans le bassin nord de la France et en Ile de France.
Ainsi le ministère de l'Agriculture s'attend à une baisse de près de 20% de la production de choux fleurs, à 257.466 tonnes.
"Certaines parcelles immergées pendant plusieurs jours ont vu les cultures mourir asphyxiées sur des surfaces parfois non négligeables. Ainsi en région Nord-Pas de Calais, environ 5% des surfaces implantées en chou-fleur ont été détruites par les inondations", explique Agreste.
Les producteurs de tomates ont en revanche réussi à tirer leur épingle du jeu. En juillet, la production nationale était en "léger retrait" sur un an, mais les prix aux consommateurs étaient en hausse de près de 50% par rapport à l'année précédente, souligne Agreste.
Mais l'association de consommateurs CLCV a toutefois prévenu que les Français se montraient majoritairement peu satisfaits de la qualité des tomates vendues en grandes surfaces, constatant que même en payant plus cher, le goût n'est pas forcément au rendez-vous, selon une étude publiée jeudi.
Plus de 50% des fruits et légumes en France sont achetés en supermarchés. Ils ne proviennent toutefois pas tous de France.
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