Après quasiment deux ans de mandat couronnés du succès des Jeux olympiques dans les transports, Jean Castex a été renouvelé mercredi pour cinq ans à la tête de la RATP, où il devra relever plusieurs défis, de la modernisation du réseau à l'ouverture à la concurrence.
La reconduction de l'ancien Premier ministre à la tête de l'entreprise publique a recueilli une adhésion quasi unanime des parlementaires, malgré la dissolution de l'Assemblée nationale en juin et le changement de majorité dans la chambre basse.
Les députés ont validé mercredi sa nomination par 30 voix pour (six contre et neuf abstentions), tandis que les sénateurs la semaine précédente l'avaient approuvée par 39 voix pour (seulement une abstention).
"Au cours de ces quasi deux ans à la tête de la RATP, j'ai été, et je continue d'être, très heureux", a déclaré Jean Castex en préambule de son audition mercredi à l'Assemblée.
Les défis n'ont pourtant pas manqué pour l'ancien chef du gouvernement, arrivé aux manettes de la régie fin novembre 2022, quelques mois après son départ de Matignon, à la faveur de la démission de Catherine Guillouard de la présidence de la RATP pour raisons personnelles.
A l'époque, l'entreprise est en crise avec un quart des bus et 10% des métros dans l'incapacité de rouler en raison d'un manque de conducteurs de bus, de grèves liées à l'ouverture à la concurrence et d'un absentéisme élevé.
- Années de transition -
En un an et demi, Jean Castex s'est attelé à renouer le dialogue avec les syndicats - FO avait d'ailleurs appelé à le maintenir en poste - et a lancé des campagnes de recrutement massives pour rétablir la qualité de service, revenue à un niveau satisfaisant juste avant les Jeux olympiques.
L'entreprise a ensuite relevé sans encombre le défi du transport des spectateurs lors de cet évènement mondial, pour lequel elle était particulièrement attendue.
Interrogé lors de ses auditions sur la possibilité de reproduire cette qualité de service tout au long de l'année, le PDG a filé la métaphore sportive.
"La RATP court toute l'année un marathon. Les Jeux olympiques, c'est un sprint. On peut faire un sprint sur 400 ou 500 mètres, mais c'est beaucoup plus difficile de le faire sur 50 kilomètres", a-t-il exposé pour expliquer la difficulté de maintenir un tel niveau d’exigence.
Le réseau de transport exploité par la RATP est dans un "entre-deux qui n'est pas simple à gérer", a-t-il rappelé. "Nos concitoyens éprouvent de plus en plus de difficultés à circuler en automobile, tandis que le développement et la modernisation des transports collectifs (...) n'est pas encore complètement terminée", a insisté Jean Castex.
Il va falloir "faire œuvre de de beaucoup de pédagogie à l'égard de nos usagers" dans les années qui viennent, a-t-il dit.
- Gérer la concurrence -
Jean Castex va aussi devoir gérer l'ouverture à la concurrence, dont la concrétisation se rapproche avec trois premiers lots de bus du monopole historique de la RATP qui vont être attribués en novembre.
"On gagnerait à avoir un observatoire indépendant sur les conditions de mise en œuvre de l'ouverture à la concurrence", a-t-il répété.
Le réseau de bus de la RATP va progressivement s'ouvrir à la concurrence d'ici 2026, avec le basculement de 19.000 travailleurs et 308 lignes de bus en dehors de l'établissement public RATP (soit vers des filiales du groupe, soit vers des concurrents ayant remporté les marchés).
Le tramway doit s'ouvrir à la concurrence en 2030, puis le métro, à horizon 2039.
La reconduction de Jean Castex aux commandes de la RATP est la première parmi une série de nominations attendues à la tête des grandes entreprises publiques.
Augustin de Romanet doit quitter la présidence du gestionnaire d'aéroports Groupe ADP d'ici décembre. Quant à Jean-Pierre Farandou, dont la mission à la tête de la SNCF devait s'achever après les JO, il pourrait finalement la voir prolongée jusqu'en mai prochain, date à laquelle il sera atteint par la limite d'âge.
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