Après avoir dégringolé de 30% en Asie tôt lundi au point de tomber au plus bas en quatre ans, les prix du brut restaient en chute libre tout en limitant un peu la casse avec -20% dans les échanges européens. Cette déroute s'explique par la décision de l'Arabie saoudite de baisser unilatéralement ses prix à la livraison, opérant la plus importante réduction en 20 ans. Cette baisse brutale provoquait l'écroulement des Bourses asiatiques et européennes.
L'Arabie Saoudite a décidé unilatéralement de baisser ses prix à la livraison, en raison de l'échec de l'Opep et de la Russie, à se mettre d'accord pour soutenir les cours. Face aux incertitudes économiques causées par l'épidémie du nouveau coronavirus, les ministres du cartel pétrolier avaient tenté de conclure un accord avec les autres pays producteurs de pétrole pour réduire la production et maintenir les prix du brut. Mais la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole et qui n'est pas membre de l'Opep, s'est opposée à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour.
"La Russie a donné un coup de poing au visage des investisseurs en refusant de suivre l'Opep pour réduire la production afin de répondre à l'effondrement de la demande pétrolière causée par le coronavirus au sommet de Vienne la semaine dernière", expliquait un analyste cité par l'AFP.
En réponse, l'Arabie saoudite s'est lancée dans une vaste braderie en effectuant la plus importante réduction de ses prix pétroliers en 20 ans, a rapporté dimanche Bloomberg News.
Une chute de 30% des prix du brut est sans précédent et envoie une onde de choc énorme à travers les marchés financiers
"Les marchés actions démarrent la semaine sur un mouvement colossal de ventes", constatait l'analyste cité par l'AFP. Ainsi, le prix pour le pétrole à destination d'Asie a diminué de 4-6 dollars par baril alors que celui pour les Etats-Unis a été réduit de 7 dollars par baril. Aramco a vendu son baril d'Arabian Light à un prix sans précédent: 10,25 dollars en dessous du baril de Brent de la mer du Nord, selon Bloomberg.
Dans les échanges de l'après midi en Asie, les deux principaux contrats étaient en baisse de 30% environ, le prix du WTI (West Tewas Intermediate) s'établissant à 29 dollars le baril et celui du Brent à 33 dollars le baril.>- onde de choc -
"Une chute de 30% des prix du brut est sans précédent et envoie une onde de choc énorme à travers les marchés financiers", a souligné Margaret Yang, analyste pour CMC Markets.
L'Arabie saoudite semble avoir l'intention de punir la Russie
Les marchés d'actions ont dans la foulée plongé en Asie et dans le Golfe. Alors que les Bourses des pays riches en hydrocarbures avaient déjà fortement reculé dimanche, les cotations ont été suspendues au Koweit après que son indice principal a chuté de 9,5% à l'ouverture lundi, tandis que Dubai perdait 9,0% et Abu Dhabi 7,1%. La Bourse d'Arabie saoudite, la plus importante du Golfe, a dévissé de 9,2% à l'ouverture des échanges tandis que le titre du géant pétrolier Saudi Aramco a chuté de 10%, bien en dessous de son prix d'introduction en décembre. Les Bourses asiatiques s'affichaient aussi en forte baisse, avec les valeurs pétrolières en chute libre, CNOOC perdant 16% à Hong Kong et PetroChina 10%.
Pour Jeffrey Halley, analyste chez Oanda, "l'Arabie saoudite semble avoir l'intention de punir la Russie".
Le marché du pétrole va probablement rester au tapis durant les prochains mois, les rabais de l'Arabie saoudite se conjuguant avec le coup d'arrêt donné à la croissance économique mondiale par le coronavirus, qui a fait chuter la demande d'or noir, a ajouté cet analyste.
Un risque pour l'économie mondiale supérieur à celui d'une guerre commerciale Chine-USA
"Quelque chose comme cela pourrait avoir plus de répercussions dans le monde qu'une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis parce que le pétrole est lié à beaucoup de secteurs dans l'économie mondiale" a souligné de son côté Rohitesh Dhawan, directeur de l'énergie, du climat et des ressources naturelles à la société de conseil Eurasia Group à Londres.
Margaret Yang de CMC Markets a émis l'espoir que l'effondrement pourrait faire revenir la Russie à la table de négociations avec l'Opep pour trouver un accord.
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