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Le futur avion de combat européen suspendu au vote des députés allemands

Le futur avion de combat européen suspendu au vote des députés allemands
Des visiteurs assistent à la présentation d'une maquette grandeur nature du futur avion de combat européen du programme SCAF (système de combat aérien du futur), à l'aéoport du Bourget, près de PariERIC PIERMONT
 
 

Le futur avion de combat européen, censé remplacer à terme Rafale et Eurofighter et donner une nouvelle dynamique à l'Europe de la défense, va-t-il voir le jour? Son avenir dépend largement d'un vote mercredi des députés allemands.

Au terme de plusieurs mois de rivalités politico-industrielles entre l'Allemagne et la France, les membres de la commission du Budget du Bundestag sont appelés dans l'après-midi à se prononcer sur le déblocage de 77 millions d'euros de crédits pour lancer la première grande étape du projet.

Il s'agit de financer des études en vue de la construction d'ici 2026 d'un démonstrateur de l'avion de combat européen de nouvelle génération (dit NGF ou "New Generation Fighter").

L'issue du vote des députés est toutefois "très incertaine", juge un proche du dossier, car de nombreux élus en Allemagne ont le sentiment depuis le début d'avoir à faire à un projet dominé par l'industrie de la défense française.

Un vote négatif pourrait remettre en cause l'ensemble du projet et ajouter aux tensions entre Paris et Berlin, dont les relations ne sont déjà pas au beau fixe.

Cet appareil, qui doit entrer en action vers 2040, est la pièce maîtresse du programme SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) associant en outre des drones et de futurs missiles de croisière.

- "Importance décisive" -

Un vote positif ouvrirait la voie à la notification des contrats aux industriels impliqués dans le projet, notamment Dassault, Airbus ou encore Thales. Et relancerait un programme qui patine.

La ministre française des Armées, Florence Parly, a mis la pression le 5 février à Strasbourg sur les parlementaires allemands.

Paris et Berlin ont la "responsabilité" de "construire cette Europe de la Défense", a-t-elle lancé.

"C’est pourquoi, mesdames et messieurs les parlementaires du Bundestag, votre vote sur le démonstrateur du SCAF aura une importance décisive et enverra un signal politique fort", a fait valoir la ministre.

Le projet avait déjà franchi une étape importante en décembre. Un accord avait en effet été trouvé entre les motoristes français Safran et allemand MTU sur la répartition industrielle des travaux de développement du moteur du futur avion.

Les deux sociétés étaient notamment convenues de la création d'une société commune 50/50.

Le dossier était en difficulté depuis plusieurs mois, conduisant la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron à menacer en octobre de notifier de premiers contrats d'études, sans attendre un accord entre les motoristes.

Depuis la répartition des tâches entre Safran et MTU, plusieurs acteurs côté allemand, dont des membres du Bundestag, ont cherché à revenir en leur faveur sur cet accord.

- Projet concurrent -

Le SCAF, auquel est également associée l'Espagne, constitue, avec le programme de char franco-allemand MGCS (Main Ground Combat System) un des principaux projets d'élaboration de la future Europe de la défense.

"Derrière le nom barbare de +SCAF+ se cache le projet qui conditionne le futur de l'aéronautique de combat française et européenne, ainsi que l'affirmation d'une politique de défense pour renforcer la sécurité du continent", résumait en juin 2019 Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'Institut des relations internationales stratégiques (Iris).

Le programme SCAF est "donc le symbole de la capacité des Européens à se rassembler derrière un même projet dans le domaine de la défense", ajoute le chercheur, pointant la "division" actuelle entre Européens.

Les Britanniques ont en effet annoncé en 2018 leur volonté de développer un projet concurrent, le Tempest, et ont été rejoints par l’Italie et la Suède.

Ces divisions ont amené M. Macron, pour qui l'Otan est en état de "mort cérébrale", à exhorter le 7 février les Européens à développer une "plus grande capacité d'action" face aux désordres mondiaux.

M. Macron a en particulier proposé que les Européens qui le souhaitent soient associés à la force de dissuasion nucléaire française, en participant par exemple à des exercices.


 

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