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Les fonds vautours s'enrichissent grâce aux dettes des autres... et la Justice va souvent dans leur sens

Les fonds vautours s'enrichissent grâce aux dettes des autres... et la Justice va souvent dans leur sens
 
 

Bruno Wattenbergh est venu nous parler des fonds vautours ce vendredi matin dans le Bel RTL Eco. Il s'agit de fonds qui s’attaquent à des pays, ou plus précisément à leur dette.

L’Argentine vient de verser 4,6 milliards de dollars à un fonds vautour pour solder un contentieux … mais avant de nous raconter l’histoire, qu’est-ce qu’un fonds vautour ?

Les fonds vautours sont des fonds d'investissements spéculatifs qui se sont spécialisés dans le rachat à bas prix de dettes d’Etats ou d’entreprises. Mais uniquement lorsque le débiteur négocie avec ses créanciers car il ne peut pas rembourser, et donc que sa dette ne vaut plus grand-chose sur les marchés car les investisseurs savent qu’elle ne va pas pouvoir être intégralement remboursée, c’est ce qui s’est passé en Grèce.

Il y a, à ce moment-là, ce qu’on appelle une restructuration ?

Oui, l’Etat ou l’entreprise négocie en proposant aux créanciers de ne rembourser qu’une partie de la dette, ce qu’ils vont en général accepter. C’est là qu’interviennent ces fonds vautours qui à bas prix rachètent de la dette, refusant de participer à la négociation sur la restructuration, et quand celle-ci est soldée avec la majorité des créanciers, ces fonds attaquent l’Etat ou l’entreprise en exigeant la totalité de la créance.

Et c’est ce qui s’est passé en Argentine ?

Exactement, ces fonds ont par exemple racheté à 20 % de sa valeur de la dette argentine lors de la crise économique des années 2000. Quand les grandes banques occidentales ont accepté l’effacement d’une grande partie de leur créance envers l’Argentine, les fonds vautours ont entamé des actions en justice pour exiger le remboursement de la dette à sa valeur nominale, sa valeur d’émission.

Est-ce légal ?

Strictement parlant oui … Ces fonds ont le droit pour eux, même si cette stratégie va à l’encontre de la logique ordinaire qui veut que l’on n’abatte pas un débiteur à terre, mais que l’on réduit sa créance pour l’aider à se relever. Les tribunaux donnent le plus souvent raison aux fonds vautours lorsqu'ils ont à juger un contentieux entre le fond et un débiteur.

Les Etats sont donc pieds et poings liés face à ces fonds vautours ?

Et bien il y a aujourd’hui des clause d'immunité d'exécution, des clauses d’action collective permettant à la majorité des détenteurs de dette de neutraliser les créanciers spéculateurs tels les fonds vautours.

Ce qui n’est pas le cas pour la dette argentine ?

Non. Et le président argentin a finalement accepté de verser 4,6 milliards de dollars à quatre de ces fonds vautours qui vont donc toucher 75% de la créance. L’objectif étant pour l’Argentine de clôturer le litige avec la justice américaine et surtout de pouvoir réemprunter sur les marchés internationaux dont elle était exclue depuis 2001. Et tenez-vous bien, le contentieux sur la dette argentine a rapporté plus de 300% à l’un de ces fonds, le fonds Elliott, qui va recevoir 2,28 milliards de dollars.


 

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