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Marseille: l'inspection du travail refuse le licenciement du leader du combat des "McDos"

Marseille: l'inspection du travail refuse le licenciement du leader du combat des "McDos"
Le 5 septembre 2018, Kamel Guemari (d), délégué FO du personnel d'un McDonald's des quartiers Nord de Marseille, quitte le ministère de l'Economie, où une délégation a été reçueChristophe ARCHAMBAULT
 
 

Leader du combat des employés d'un McDonald's des quartiers Nord de Marseille pour sauver leurs emplois, Kamel Guemari peut poursuivre sa lutte: l'inspection du travail a refusé le licenciement de ce salarié protégé, dans une décision dont l'AFP a pris connaissance vendredi.

"La sauvegarde de la compétitivité en tant que motif économique n'est pas établie" et "l'employeur n'a pas satisfait à son obligation de reclassement" de M. Guemari, délégué du personnel FO, estime l'inspection du travail, dans un courrier daté de mardi et transmis à l'intéressé vendredi.

Car ce sont bien les mandats syndicaux de ce salarié, arrivé dans ce McDo en 1998, à 16 ans, et devenu sous-directeur, qui sont le motif réel du licenciement demandé par Jean-Pierre Brochiero, le franchisé à la tête de ce fast-food marseillais, selon l'inspection du travail: "Le lien entre la demande d'autorisation de licenciement et l'exercice des mandats de monsieur Kamel Guemari est établi", conclut le courrier.

Désireux de céder ses six McDonald's à Marseille, M. Brochiero en a définitivement cédé cinq en septembre, à un autre franchisé. Quant à celui de Saint-Barthélémy, il veut d'abord le vendre à Hali Food, une société tunisienne inconnue. Objectif: faire du halal "asiatique". Mais ce projet est retoqué par le juge des référés du TGI de Marseille, le 7 septembre, ne présentant aucune viabilité "à brève et moyenne échéance".

Contraint de rester à la tête de ce restaurant, M. Brochiero présente en mai un plan de licenciement de sept salariés, dont Kamel Guemari. La seule solution selon lui pour réduire la masse salariale de 400.000 euros et rendre viable un restaurant qui aurait affiché 992.000 euros de pertes en 2018, après 3,3 millions d'euros évaporés depuis 2009.

Les salariés dénoncent eux "une faillite organisée": "rien n'a été fait pour augmenter le chiffre d'affaires", accusait Kamel Guemari, en juin, auprès de l'AFP: "Pas de 2e piste +drive+, pas de livraisons à domicile. Pendant un an, nous avions même disparu de l'application McDonald's!"

Et l'inspection du travail a largement repris cet argumentaire: "La cause des licenciements envisagés est le mouvement social en cours et non le motif économique invoqué, (qui) résulte partiellement de la volonté de l'employeur de ne pas mettre en oeuvre les solutions existantes pour améliorer la compétitivité de l'entreprise".

Quant à l'obligation de reclasser M. Guemari, celle-ci non plus n'a pas été respectée, selon l'inspection du travail, qui rappelle que le salarié a postulé sur d'autres postes, "qui lui ont été refusés", et qu'il a officiellement "proposé de diminuer son salaire".

"Les larmes aux yeux" après cette "victoire amère", M. Guemari a promis vendredi auprès de l'AFP de continuer à se battre, pour sauver le restaurant, et pour les six autres salariés licenciés: "On ne reprendra pas le travail tant qu'ils ne reviendront pas, on ne peut pas lâcher".

Jean-Pierre Brochiero, le franchisé à la tête de ce fast-food marseillais, a dit vendredi soir "prend(re) acte de la décision de l'inspection du travail qui ne permet pas la mise en œuvre du plan de sauvetage du restaurant très lourdement déficitaire depuis plusieurs années. Un recours hiérarchique est en cours d’étude."


 

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