Le gouvernement a dévoilé vendredi de nouvelles mesures visant à favoriser les alternatives à la voiture individuelle et à verdir les transports traditionnels, prélude à sa future loi d'orientation sur les mobilités, en appelant surtout les collectivités à faire davantage.
"C'est un véritable enjeu de santé publique, mais aussi un enjeu pour le climat", a défendu la ministre des Transports, Elisabeth Borne, en détaillant ces mesures, tandis que celui de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, estimait que la France "va peut-être enfin prendre le taureau par les cornes" sur ce sujet.
Le transport est la première source d'émissions de gaz à effet de serre en France, sans parler des polluants qui valent au pays d'avoir été renvoyé par Bruxelles devant la justice européenne pour la piètre qualité de l'air dans 14 zones.
Vendredi, le gouvernement a surtout mis l'accent sur le nécessaire engagement des collectivités territoriales, en promettant en échange un cadre réglementaire avantageux. "Le seul engagement de l'Etat ne suffit pas", a affirmé Mme Borne.
La quinzaine de territoires les plus pollués (dont Marseille-Aix, Nice, Lyon, ou Strasbourg) devront mettre en place d'ici 2020 des zones à faibles émissions (ZFE) pour y restreindre la circulation des véhicules les plus polluants. Des engagements seront signés en octobre.
Cette mesure s'ajoute au plan d'action déjà soumis par la France à Bruxelles en février dernier, afin d'éviter une sanction qui pourrait intervenir d'ici 2019. "Ce n'est pas ça qui doit nous guider", mais "il vaut mieux mettre l'argent là (dans ces mesures, ndlr) qu'avoir à payer à terme des amendes", a défendu Nicolas Hulot.
- covoiturage -
Le gouvernement s'engage pour sa part à mettre en place les conditions (contrôle automatique des plaques, etc.) pour rendre ces zones viables, car si les collectivités peuvent en créer depuis 2015, seules Grenoble et Paris ont franchi le pas.
"Il était temps" de déployer plus largement ces zones, a réagi Sarah Fayolle de Greenpeace, qui y voit "une première étape avant une sortie des véhicules diesel et essence".
"On espère voir des collectivités comme Marseille, Nice, Toulon, qui sont en retard, donner des gages", a indiqué pour sa part Pierre Cannet du WWF.
Le gouvernement prévoit la fin de la vente des voitures neuves émettrices de gaz à effet de serre d'ici 2040, et veut multiplier par 5 celle de véhicules électriques et par 15 celle de poids lourds à faibles émissions d'ici 2025.
Aux collectivités encore de favoriser le covoiturage via des voies réservées, à l'image de ce qui est expérimenté dans les Hauts-de-Seine sur l'A86. "Nous allons tout faire pour que les véhicules soient davantage partagés", tout en poursuivant les efforts pour verdir les transports traditionnels, a insisté Mme Borne.
- pas encore de plan vélo -
Le bonus/malus à l'achat d'un véhicule neuf en fonction de ses émissions de CO2 sera renforcé, tout comme le soutien à l'achat de poids lourds qui ne roulent pas au diesel, et l'aide au déploiement des bornes de recharge pour véhicule électrique.
Ce dernier point est "une première étape indispensable" pour accélérer le déploiement des voitures électriques, a estimé Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, regroupant les industriels du secteur, dans une déclaration envoyée à l'AFP.
En revanche, ceux qui attendaient un grand plan vélo, à l'image des ONG et de 200 parlementaires ayant signé récemment une tribune en ce sens, devront encore patienter. Il sera dévoilé à la rentrée même si la ministre des Transports dit être "bien consciente qu'il y a beaucoup d'attente", notamment sur le financement.
Les ONG demandent un fonds vélo de 200 millions d'euros par an et la généralisation de l'indemnité kilométrique vélo.
Ce projet "fait également l'impasse sur le transport routier de marchandises et le report modal", regrette dans un communiqué Réseau Action Climat, qui parle d'un plan "inachevé" .
Rien non plus pour l'instant sur le verdissement du transport ferroviaire, qualifié de "grand absent" par la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH), alors qu'une mission sur le sujet est en cours, ou sur l'aérien et le maritime, secteurs sur lesquels la France privilégie les discussions au niveau mondial.
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