Les rappels en France de véhicules Volkswagen équipés de moteurs aux logiciels truqués ont commencé et vont s'étaler sur toute l'année 2016, a indiqué mardi le patron de de VW France devant les députés.
"Nous avons démarré en France (...) ces opérations puisque je me suis rendu vendredi dernier dans une concession parisienne pour accueillir le premier client" dont le véhicule a fait l'objet de ce rappel, a déclaré Jacques Rivoal, président du directoire de VW France.
Il avait été invité à s'exprimer devant la "Mission d'information de la conférence des Présidents sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale", mise en place à l'Assemblée nationale à la suite du scandale de triche aux émissions polluantes du géant automobile allemand.
Volkswagen a avoué fin septembre avoir installé sur le moteur diesel de 11 millions de véhicules dans le monde un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution en ce qui concerne les oxydes d'azote (NOx). Des automobiles de marque VW, Audi, Seat et Skoda sont concernées, ainsi que des véhicules utilitaires.
Quelque 946.000 véhicules sont concernés dans l'Hexagone et M. Rivoal avait promis en décembre que son entreprise commencerait à les rappeler début février 2016 pour une mise à jour du logiciel incriminé.
Il a assuré mercredi que cette campagne s'étalerait sur l'ensemble de l'année en cours, et que les concessionnaires prendraient contact avec les clients au fur et à mesure que les modifications techniques seraient approuvées par l'Autorité fédérale allemande de l'automobile (KBA), version par version.
Trois moteurs sont concernés: les 1,2, 1,6, et 2 litres diesel EA189 aux normes Euro 5. Pour les 1,2 et le 2 litres, l'opération durera une demi-heure, tandis que pour le 1,6 litres, "ça dure 45 minutes parce qu'il y a en plus l'ajout d'un régulateur de flux", une pièce en plastique à l'entrée d'air dans le moteur, a détaillé M. Rivoal.
Ce dernier, lors d'échanges courtois et posés avec les députés, a de nouveau promis que "cette opération technique n'a strictement aucune conséquence sur la consommation du véhicule, donc le CO2, sur la puissance maximum du véhicule, sur le couple et sur le bruit".
Seuls 150.000 propriétaires concernés ont jusqu'ici contacté Volkswagen via le site internet spécialement mis en place, selon lui. M. Rivoal a souligné que ces rappels allaient faire augmenter l'activité du réseau de 20% et nécessiter le recrutement de 900 personnes en CDD en France.
A la députée (PS) des Deux-Sèvres Delphine Batho, rapporteur de la mission, qui posait la question d'une indemnisation des clients européens, alors que les clients américains ont bénéficié d'un geste commercial, M. Rivoal a fait valoir que les situations et législations étaient différentes des deux côtés de l'Atlantique.
"Le NOx est une donnée contractuelle aux Etats-Unis, elle ne l'est pas en Europe", a-t-il indiqué, et la solution technique n'a pas été validée pour les diesels incriminés aux Etats-Unis, contrairement à ce qui a cours sur le Vieux continent.
En Europe, "on considère qu'il n'y a pas de préjudice pour nos clients dans la mesure où nous allons faire en toute transparence cette opération de rappel", a-t-il insisté. Il a aussi affirmé, alors que des députés relevaient le ton serein de ces déclarations, qu'"une telle crise nous impacte énormément et moi le premier".
A l'issue de l'audition, qui a duré près d'une heure et demie, Mme Batho a affirmé sur son compte Twitter que "pour la plupart, les réponses n'étaient ni précises ni convaincantes..."
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