Plusieurs convois d'agriculteurs à bord d'une centaine de tracteurs ont convergé jeudi vers le centre de Toulouse pour protester contre un "verdissement" jugé excessif des futures aides européennes dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC), ont constaté des journalistes de l'AFP.
"On est dans une région où les rendements sont faibles, on est donc encore plus impactés, avec souvent des exploitations en déficit. Il y a des agriculteurs qui hésitent même à se payer des cafés en sortant du travail, à 50 ans", déplore Marie Thomsen, responsable administrative à la FDSEA.
Dans la ligne de mire des agriculteurs, les éco-régimes, une nouvelle source de financement conditionnée à la mise en place de pratiques plus respectueuses de l'environnement.
Mais beaucoup d'agriculteurs considèrent qu'ils ne pourraient pas survivre dans l'immédiat à ces nouvelles mesures.
Pour Christian Mazas, secrétaire général adjoint de la FDSEA 31, "les agriculteurs se sont déjà adaptés pour être cohérents avec ce que demandent les consommateurs".
"Ce qu’on nous propose, c’est un peu comme si on demandait à un sauteur à la perche de passer de 6m à 7m50. Il nous faut un certain temps", a-t-il dit à l'AFP.
Jeudi, l'action des 160 agriculteurs, selon la préfecture, a provoqué des ralentissements sur le périphérique et dans le centre de Toulouse où les tracteurs ont stationné pendant que les représentants syndicaux étaient reçus par le préfet.
"La réunion s'est très bien passée parce que le préfet vient du monde agricole, il connaît la situation. C'est quelqu'un à l'écoute (...) et je pense qu'on va obtenir quelque chose", a indiqué à l'AFP Jean-François Lamassé, président de la FDSEA 31 (Haute-Garonne).
Selon lui, "tout le monde veut une agriculture beaucoup plus verte, mais personne ne veut payer".
Pour Elodie Doumeng, présidente des Jeunes Agriculteurs 31, l'action de jeudi est "un gros message d'alerte". "Mais si on n'obtient pas de réponses, on reviendra à Toulouse, et on sera beaucoup plus nombreux", a-t-elle mis en garde.
En milieu d'après-midi, du fumier a été déversé devant les barrières de protection anti-émeute de la police, dans une rue commerçante du centre de Toulouse, sous les hourras des agriculteurs, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"On va végétaliser tout ça", plaisante un jeune agriculteur.
Sur une énorme banderole accrochée à une benne bleue, on peut lire: "PAC 2023, Nous ne voulons pas être les dindons de la farce".
Le matin, des pneus avaient également été jetés sur la chaussée à proximité du péage de Muret, sur l'A64 au sud de Toulouse.
Plusieurs actions similaires ont eu lieu début avril dans la région parisienne et le nord de la France.
La Commission européenne pourrait exiger le maintien de plus de "prairies permanentes, l’arrêt du déclin de la biodiversité, la réduction des phytos et fertilisants", selon un document de travail du ministère de l'Agriculture consulté par l’AFP.
Christian Roux, un agriculteur de 50 ans, est obligé de conduire des tracteurs pour d'autres "pour s'en sortir".
"Le revenu moyen d'un agriculteur est de 350 euros. Comment expliquer à sa famille, en partant travailler de bonne heure et en rentrant tard le soir, un salaire aussi médiocre?", s'insurge Guillaume Michel, agriculteur céréalier de 29 ans.
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