La direction de Ryanair essayait d'apaiser les tensions sociales dans l'entreprise avec une rencontre mardi soir avec les représentants syndicaux de ses pilotes irlandais, une première pour la compagnie aérienne qui semble amorcer un nouveau virage.
La plus grande compagnie européenne en terme de passagers transportés était la semaine dernière sous la menace de grèves sans précédents, qui plus est à l'approche de fêtes de fin d'année, cruciales pour ses affaires et sa réputation.
Divers préavis avaient été lancés par les pilotes en Italie pour le vendredi 15 décembre, en Irlande et au Portugal pour le mercredi 20 décembre ou encore en Allemagne sans date précise. Ces mouvements ont toutefois été suspendus depuis vendredi après que Ryanair a proposé de rencontrer des représentants syndicaux des pilotes, par exemple ceux du syndicat Impact pour l'Irlande mardi soir.
Il s'agit d'un tournant pour Ryanair dont le directeur général, Michael O'Leary, qui dirige depuis 1994 cette compagnie trentenaire, s'était jusqu'à présent opposé vigoureusement à toute représentation syndicale.
Mais le dirigeant était sous pression depuis une série d'annulations de vols depuis la rentrée de septembre, attribuées par la direction à une erreur de gestion des plannings de vacances des pilotes.
L'épisode a révélé un malaise d'une partie des pilotes qui ont intensifié depuis leurs revendications sur les conditions de travail et le dialogue social avec la hiérarchie, sur fond de départs de commandants et copilotes vers d'autres compagnies.
Criant au complot ourdi par la concurrence, Ryanair assurait jusqu'à ces derniers jours n'avoir aucun problème de recrutement. Elle avait simplement proposé des primes aux pilotes qui renonceraient à une partie de leurs vacances afin de limiter les annulations, sans vouloir entendre parler de syndicats.
- Personnel de cabine concerné -
Aussi l'annonce de vendredi témoigne-t-elle d'un bouleversement pour cette compagnie, qui avait déjà opéré un virage stratégique il y a quatre ans en décidant de devenir plus aimable vis-à-vis de ses clients auparavant rudoyés.
La presse irlandaise s'interroge depuis vendredi sur ce nouveau changement de pied et se demande s'il est l'oeuvre de Michael O'Leary ou si le volubile et controversé dirigeant ne s'est pas fait forcer la main par le conseil d'administration de la compagnie.
Récemment nommé chef des opérations, un autre dirigeant, Peter Bellew, a reconnu que l'ambiance de travail dans la compagnie était récemment "devenue particulièrement maussade". Dans une interview au quotidien Irish Independent, il a évoqué le besoin d'un changement de culture, affirmant que "tout le monde est très affecté" par les problèmes de dialogue dans l'entreprise.
Le geste de Ryanair de reconnaître des syndicats a permis de réduire le risque d'un mouvement social pendant les fêtes de fin d'année, même si les organisations de salariés restent prudentes.
Au Portugal, les pilotes Ryanair ont suspendu leur mouvement prévu mercredi, après l'engagement de la direction de négociations pour conclure un accord d'entreprise.
En Espagne, les pilotes n'avaient pas prévu de grève mais le personnel au sol menaçait d'arrêter le travail le 30 décembre. Le préavis a été levé après la convocation d'une commission qui devra négocier un accord collectif d'ici au 31 janvier, d'après Jorge Carillo, du syndicat Commissions ouvrières (CCOO).
En Allemagne, Cockpit a accepté de renoncer à tout mouvement social jusqu'à mercredi inclus, jour prévu pour une négociation avec la direction. Un responsable de ce syndicat, Ingolf Schumacher, a vu dans la démarche de Ryanair "un développement significatif".
Le syndicat allemand du personnel de cabine Ufo s'indignait néanmoins d'une différence de traitement au sein du personnel naviguant. Cité par l'agence de presse allemande DPA, le chargé des négociations salariales, Nicoley Baublies, a déclaré que "les droits des salariés ne peuvent pas s'arrêter à la porte du cockpit".
Après avoir insisté vendredi sur les organisations de pilote, Ryanair a précisé mardi que cette reconnaissance concernait aussi les syndicats de personnels de cabine, que la direction de la compagnie propose de rencontrer en début d'année prochaine.
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