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Stationnement payant pour motos et scooters: une première qui passe mal

Stationnement payant pour motos et scooters: une première qui passe mal
Une mesure "déplorable" pour se faire "de l'argent facile": le stationnement est désormais payant pour les scooters et motos dans deux communes du Val-de-Marne, une première en France qui mécontente FRANCOIS GUILLOT
 
 

Une mesure "déplorable" pour se faire "de l'argent facile": le stationnement est désormais payant pour les scooters et motos dans deux communes du Val-de-Marne, une première en France qui mécontente les conducteurs de deux-roues.

A Charenton-le-Pont et Vincennes, le coût du stationnement pour les motos et scooters a été fixé à environ un tiers de celui des voitures, "proportionnel" à la taille d'un emplacement deux-roues par rapport à un emplacement voitures.

Gilles, 59 ans, gare son scooter en face de son entreprise à Charenton. Sur la place réservée aux deux-roues, l'inscription de peinture blanche "payant" est flambant neuve. Les horodateurs indiquent les tarifs en vigueur pour les motos à partir de mardi: 40 centimes l'heure, contre 1,20 euro pour les voitures.

Mais même s'il encourt une amende de dix euros, Gilles ne compte pas déroger à ses habitudes. "C'est un peu fort !", dénonce-t-il en estimant que la mairie "s'est rendue compte qu'il y avait de l'argent à se faire".

"C'est dégueulasse", juge pour sa part Ouriel, qui habite en "zone rouge" du centre-ville, où il ne pourra pas bénéficier du tarif résidentiel promis par la mairie, et va donc se résoudre à rentrer son trois-roues à l'intérieur de son immeuble. "Et après, on va faire payer pour stationner les poussettes ?".

Face aux critiques, les mairies de Charenton (30.000 habitants) et de Vincennes (50.000 habitants) le répètent, il ne s'agit pas d'une mesure anti-deux-roues, ni de de fiscalité, mais bien d'"équité" : "il n'y a pas de raison qu'ils soient les seuls à ne pas payer", estime-t-on à la mairie (UDI) de Vincennes.

Face à l'occupation croissante de l'espace public par des deux-roues de plus en plus nombreux, "c'est tout à fait légitime et équitable qu'ils participent, modestement", ajoute le maire LR de Charenton, Hervé Gicquel.

- "On va pas les lâcher" -

"Ils n'ont pas compris que les deux-roues n'ont jamais payé, pour une raison : parce qu'ils fluidifient le trafic", particulièrement problématique en Ile-de-France, rétorque Jean-Marc Belotti, président de la Fédération française des motards en colère pour Paris et sa petite couronne.

L'association a manifesté à plusieurs reprises dans les deux villes ces dernières semaines, et ne compte pas en rester là: "on va les emmerder, on va pas les lâcher, au moins pour dégoûter les autres villes de faire pareil", soutient-il.

Permise par la décentralisation de la gestion du stationnement, confiée aux communes depuis le 1er janvier, la mesure est par ailleurs rendue possible par la dématérialisation des tickets de stationnement : les nouveaux horodateurs et applications de paiement, sur lesquels les usagers renseignent leur plaque d'immatriculation, fonctionnent sans ticket papier.

Les deux villes espèrent aussi "encourager" les scooters et motos à respecter les règles de "civisme" et ne pas stationner sur les trottoirs, comme l'explique le maire de Charenton. Le phénomène "bouscule le quotidien" des habitants et pose un problème de sécurité pour les personnes âgés et les enfants, dont se sont plaints ses administrés, avance-t-il.

Près de 500 emplacements deux-roues sont disponibles à Charenton (800 à Vincennes), et il y en aura 50 de plus "dans les prochains jours", promet le maire.

Dans sa ville, les intéressés ont eu le temps de se préparer: depuis plusieurs semaines, ils retrouvent tous les jours des post-it signés de la mairie sur leurs deux-roues, les avertissant de la réforme.

Nina, 25 ans, qui gare son scooter dans le centre, n'est pas de la commune et n'était pas au courant, mais elle n'est pas "choquée" pour autant : "je ne vois pas pourquoi ce serait payant pour les voitures et pas les scooters", dit-elle en haussant les épaules. "Tout est payant aujourd'hui".


 

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