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Subir la canicule au travail, c'est "étourdissant": comment les entreprises s'adaptent... ou pas

Subir la canicule au travail, c'est "étourdissant": comment les entreprises s'adaptent... ou pas
Un ouvrier d'une société bordelaise qui construit une nouvelle ligne du tramway se rafraîchit, avant de reprendre le travail le 17 juillet 2006Michel Gangne
 
METEO
 

Travailler sous le cagnard, c'est "étourdissant": pour protéger leurs salariés en cas de canicule, les employeurs "savent à peu près ce qu'il faut faire". Pourtant ils négligent parfois le minimum (horaires décalés, eau fraîche...), notamment dans les petites entreprises du bâtiment.

"J'ai un abonnement à Météo France, ils annoncent 39 degrés mercredi. A cette température, on ne peut pas tenir sur un toit, c'est étourdissant", raconte Laurent Floux.

Ce patron d'une entreprise de charpente-couverture de 20 salariés dans le Val-d'Oise a l'intention d'"envoyer (ses) gars réviser du matériel l'après-midi". Sinon "ils rentreront chez eux et ce sera à ma charge", dit-il. Cette semaine, ils commencent "à 6h30 au lieu de 8h" et la pause déjeuner a été réduite pour finir à 15h30.

Mais embaucher plus tôt n'est pas possible partout. Dans la capitale, la tolérance aux bruits de chantier est plus basse qu'ailleurs: "le marteau-piqueur à 7h30 c'est déjà limite", explique le chef d'un chantier de terrassement dans Paris, mardi au premier jour d'épisode caniculaire.

Travailler sous forte chaleur, "c'est insupportable", reconnaît-il. Alors "on essaie de faire de petites pauses à l'ombre". Dans la camionnette du sous-traitant d'EDF, un pack de six bouteilles d'eau. Interrogé sur l'absence de tente alors qu'il s'active sous 33 degrés, un ouvrier éclate de rire.

Dans le bâtiment, les fortes chaleurs sont "un gros problème" mais "les entreprises savent à peu près ce qu'il faut faire", assure la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb).

Ainsi, elles doivent "fournir aux salariés trois litres d'eau par jour, décaler les horaires de travail dans la mesure du possible et effectuer des rotations dans les postes de travail en extérieur", explique Anne-Catherine Pantel, en charge notamment de la prévention à la Capeb.

Mais "même ce minimum" - mettre à disposition de l'eau fraiche - "n'est pas respecté dans beaucoup de petites entreprises, surtout pour ceux qui travaillent sur la voirie", affirme Mohamed Afatmi, délégué syndical CGT chez Eiffage construction Rhône-Alpes.

Dans cette grosse entreprise, le CHSCT a "mis en demeure l'employeur" et celui-ci a modifié l'organisation du travail: jusqu'à la fin de la semaine, "les salariés commenceront à 6h00 et finiront à midi".

- Bureaux à 35°C -

Pour sa part, la fédération CFDT Construction et Bois a demandé aux employeurs du BTP de renvoyer si nécessaire les ouvriers chez eux et de solliciter la caisse patronale "chômage intempéries" pour payer les salaires.

Dans certains secteurs, cependant, adapter l'activité n'est pas toujours fait car "la logique économique l'emporte", estime M. Afatmi.

Ainsi l'été, "ceux qui font le bitume sont dans une période de forte activité. Ils peuvent travailler jusqu'à 10 heures par jour", affirme Serge Pléchot, secrétaire général de la CGT construction, en rappelant que les salariés étalent un goudron à 70°.

En Ile-de-France, "l'inspection du travail fera preuve d'une vigilance accrue dans les secteurs où les salariés sont particulièrement exposés à la chaleur: BTP, restauration, boulangerie, pressings, transports, conduite d'engins, espaces verts, agriculture, sécurité...", a promis le préfet.

Le BTP est le plus surveillé. "Mais on reçoit aussi pas mal de plaintes de gens qui travaillent dans des bureaux non climatisés, avec des fenêtres plein sud, où il fait 35°C", témoigne Joël Louis, inspecteur du travail à Lyon.

Que risquent les entreprises en faute? "Pas grand chose", selon lui. "On n'a jamais vu des juges mettre l'amende maximum de 3.500 euros par salarié", c'est plutôt "100 ou 200 euros". En général, les inspecteurs ne vont "pas forcément jusqu'à dresser un PV", privilégiant la pédagogie pour "qu'il y ait immédiatement de l'eau, que l'employeur régularise", souligne M. Louis.

Dans la boulangerie où Abdel (prénom modifié) est apprenti, il y a bien une fontaine à eau. Mais en raison du ramadan, il se l'interdit. Pour celui qui était encore l'année dernière "gestionnaire de paie dans un bureau climatisé", "cette année, c'est très dur: quand on est face au four, on sent la soif".


 

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