Tesla a annoncé mercredi des résultats trimestriels décevants, marqués par une lourde perte, mais a promis de renouer avec les bénéfices dans la deuxième partie de l'année à la faveur d'un rebond prévu de ses livraisons de voitures et des économies.
Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme a enregistré une perte nette de 702,1 millions de dollars au premier trimestre, mettant ainsi fin à deux trimestres consécutifs de profits.
Plombé par de faibles livraisons de voitures -- 63.000 exemplaires contre 76.000 anticipées -- le chiffre d'affaires a certes bondi de 33,2% à 4,54 milliards de dollars mais il est nettement en dessous des 5,19 milliards espérés par les marchés.
A Wall Street, le titre passait du rouge au vert, les investisseurs digérant encore toutes les données livrées par le groupe d'Elon Musk, qui est apparu assagi mercredi dans la conférence téléphonique de présentation des résultats aux analystes.
Il a partagé la vedette avec Zachary Kirkhorn, le nouveau directeur financier, et a souvent laissé ce dernier l'interrompre ou compléter ses réponses.
"Désolé notre directeur financier voudrait rajouter quelque chose", a même insisté Elon Musk auprès d'un analyste.
Bombardé de questions sur son bras de fer en cours avec le gendarme de la Bourse, la SEC, le dirigeant a préféré jouer l'apaisement, en refusant de s'épancher sur le sujet comme ce fut le cas par le passé.
Tesla a attribué sa mauvaise performance trimestrielle à des retards de livraisons du Model 3, voiture censée le transformer en constructeur de masse, en Europe et en Chine.
Mais elle est également due à des changements fréquents du prix du Model 3 qui ont semé la confusion. Le 28 février, Tesla a annoncé fermer ses boutiques et ne plus vendre ses voitures qu'en ligne pour limiter l'impact financier de proposer une version moins chère à 35.000 dollars du Model 3.
- "La marque s'essouffle" -
Une dizaine de jours plus tard, le groupe a retropédalé, affirmant qu'il ne fermerait plus que quelques boutiques. Il a également renoncé à vendre cette voiture en ligne.
Pour Jessica Caldwell, experte du cabinet Edmunds.com, "de nombreux signaux semblent indiquer que la marque s'essouffle".
"Nos recherches montrent que la plupart des véhicules que Tesla a produit au premier trimestre ont été expédiées sur les marchés étrangers, ce qui suggère que la demande aux Etats-Unis ramollit", a a asséné cette experte du cabinet Edmunds.com.
L'intérêt pour les véhicules Tesla pâtit tout particulièrement de la disparition progressive du crédit d'impôt fédéral de 7.500 dollars accordé aux voitures "propres". Ce bonus, qui a diminué de moitié, est appelé à disparaître en fin d'année.
Il n'empêche que le groupe californien juge ses difficultés temporaires: "La demande est solide", a assuré mercredi M. Musk, disant que la production du groupe allait augmenter au deuxième trimestre.
Par conséquent, Tesla, qui a dévoilé récemment un nouveau modèle, le SUV Model Y, a promis de réduire "significativement" ses pertes lors de cette période et s'est engagé à renouer avec les bénéfices au troisième.
"Nous anticipons un retour à la rentabilité au troisième trimestre", a assuré le groupe californien, qui veut proposer des polices d'assurance à ses clients et a l'intention d'offrir une plateforme de réservation de voitures autonomes en 2020.
Cet optimisme repose sur un rebond des livraisons de véhicules, a expliqué Tesla, confirmant s'attendre toujours à livrer entre 360.000 et 400.000 véhicules en 2019, soit une hausse de 45 à 65% comparé à 2018.
Tesla compte beaucoup sur la Chine et l'Europe, deux régions où il vient de commencer à livrer le Model 3.
Le groupe se veut même plus ambitieux: "Si notre usine géante de Shanghai peut commencer à produire au début du quatrième trimestre de cette année, nous pouvons même fabriquer jusqu'à 500.000 véhicules à travers le monde en 2019", a indiqué Tesla.
Autre nouvelle de nature à rassurer les marchés: l'entreprise, connue pour brûler de l'argent, s'est retrouvée avec 2,2 milliards de dollars en main à fin mars, en baisse de seulement 1,5 milliard du fait du remboursement d'une échéance de ligne de crédit de 920 millions.
Le niveau de cette trésorerie éloigne ainsi pour le moment une éventuelle levée de fonds, via une émission obligataire, pour financer les opérations.
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