Volkswagen, au coeur d'un scandale retentissant de moteurs truqués, était ébranlé mardi après de nouvelles accusations émanant des autorités américaines, que le constructeur allemand a pourtant immédiatement démenties.
Volkswagen, colosse aux 12 marques et 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, a avoué mi-septembre avoir équipé 11 millions de voitures dans le monde d'un logiciel capabe de fausser les résultats des tests antipollution.
Lundi, l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA), qui avait la première révélé la tricherie, a accusé le groupe allemand d'avoir violé les normes d'émission de gaz polluants également avec des moteurs diesel 3 litres des marques Audi, Porsche et Volkswagen.
Jusqu'à maintenant la tricherie n'était avérée que pour de plus petits moteurs, de 1,2, 1,6 et 2 litres, et ne concernait aux Etats-Unis que les marques VW et Audi.
"Il s'agit évidemment d'une mauvaise nouvelle pour Volkswagen", a réagi mardi Holger Schmidt, analyste d'Equinet, "dans la mesure où cette dernière accusation inclut également Porsche".
- Le patron sur la sellette -
Or le nouveau patron de Volkwagen, Matthias Müller, qui a pris les rênes au pied levé au moment de l'éclatement du scandale, était précédemment à la tête de Porsche et "a dû avoir connaissance de ce problème, même si cela reste encore à prouver", avance l'analyste.
Sur l'indice Dax de la Bourse de Francfort, l'action Volkswagen affichait l'une des plus fortes baisses vers 13H45 GMT, perdant 2,71% à 109,65 euros. Une baisse sans commune mesure avec les 20% évaporés en une journée le jour de l'éclatement de l'affaire en septembre.
M. Müller a promis de faire la pleine lumière sur l'affaire, d'en gérer les suites et de redorer l'image du groupe. Volkswagen doit rappeler toutes les voitures concernées et les remettre aux normes, ce qui lui coûtera des milliards, et va faire face à une kyrielle de procès.
Selon l'EPA, au moins 10.000 véhicules seraient concernés aux Etats-Unis par les nouveaux soupçons.
En Allemagne, "les moteurs diesel en question sont déjà soumis à des tests supplémentaires conduits par l'agence fédérale des transports. (...) Dès que cet examen sera terminé seront alors présentés les résultats complets", a promis le ministère des transports.
Volkswagen a affirmé lundi qu'aucun programme n'avait été installé sur ces moteurs pour modifier de "manière inappropriée" les tests antipollution. Les moteurs sont "conformes à la loi", a renchéri mardi sa filiale Audi.
Le groupe ne s'explique pas ces nouvelles accusations, et va "coopérer complètement avec l'EPA, afin d'expliquer totalement les faits".
La procédure va se poursuivre avec de nouveaux tests et pourrait déboucher sur des rappels de véhicules.
- Le diesel pas désavoué -
La question des pénalités menaçant VW, qui pourraient théoriquement dépasser 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros) rien qu'aux Etats-Unis, sera elle aussi abordée plus tard.
La facture du scandale est déjà lourde. Le groupe a annoncé la semaine dernière avoir enregistré au troisième trimestre sa première perte trimestrielle depuis plus de 15 ans (1,67 milliard d'euros). Un trou imputable aux 6,7 milliards d'euros de provisions mises de côté par le groupe pour faire face au scandale.
En octobre, les immatriculations de voitures neuves de la marque Volkswagen en Allemagne ont légèrement reculé, de 0,7% sur un an, a fait savoir mardi l'agence fédérale des transport KBA. En France, la baisse est de 3%, selon des chiffres publiés lundi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
Volkswagen affirmait jusqu'à présent ne pas voir de ralentissement des commandes, et ses concurrents assurent, eux, ne pas ressentir d'effet sur le diesel.
Les immatriculations de nouveaux véhicules diesel ont progressé de 0,2% sur un an en octobre et de 6% depuis janvier, selon les chiffres publiés mardi par la fédération automobile allemande VDA.
L'inquiétude un temps vive en Allemagne d'un préjudice qui affecterait toute l'industrie allemande ne s'est en tout cas pas matérialisée, a déclaré la chancelière Angela Merkel.
Le "Made in Germany" reste "une image de marque et un bon signal grâce à la force d'innovation" de l'industrie allemande, a-t-elle estimé mardi devant un parterre d'industriels.
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