2019 est une année noire pour de nombreux apiculteurs européens, notamment les Français et les Italiens, qui évoquent la pire récolte de leur histoire, à cause des aléas climatiques.
En Italie, le principal syndicat agricole, la Coldiretti, fait état d'une "année noire", avec "une récole quasiment divisée par deux" par rapport aux 23.300 tonnes collectées en 2018. En France, la récolte "devrait être la plus mauvaise des annales", estime également l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf): "moins de 9.000 tonnes", soit quasiment quatre fois moins que dans les années 1990.
Après 30.000 tonnes de miel récoltées en 2018, un record ayant fait de la Roumanie la "championne" européenne, la production devrait être "inférieure à la moyenne (de 25.000 tonnes) de ces dernières années", a déclaré à l'AFP Constantin Dobrescu, vice-président de l'association Romapis.
Et en Espagne, premier pays devant la Roumanie en nombre de ruches, la récolte est en berne depuis 2015, avec une baisse de 5,2% en 2017 et une campagne 2018 "pas à la hauteur des espérances", selon le ministère de l'Agriculture.
Le climat responsable
La Coldiretti explique cette chute par "l'évolution anormale du climat": de janvier à début septembre, elle a recensé plus d'un millier d'événements météorologiques extrêmes en Italie (+56% par rapport à 2018), entre grêles, tempêtes, trombes d'eau, vent et vagues de chaleur.
L'Unaf évoque elle aussi une "catastrophe climatique". Alors que les colonies étaient très peuplées au printemps, le froid soudain les a affaiblies, puis est arrivée la canicule fin juin. Dans certaines zones du sud de l'Hexagone, la chaleur a fait fondre la cire dans les ruches, piégeant les abeilles.
En Roumanie, "l'absence de précipitations l'automne et l'hiver derniers a durement touché les cultures de colza", entraînant une "production de miel très faible", selon l'apiculteur Marian Patrascu.
Et maintenant ?
La chute de la production en Italie devrait entraîner une baisse des revenus de 73 millions d'euros cette année, auxquels s'ajoutent les dépenses liées à la nutrition des abeilles, que de nombreux apiculteurs ont été contraints de mener, les colonies mourant de faim.
Les apiculteurs les plus mal lotis ne couvriront pas leurs coûts ou tout juste, et la situation sera particulièrement compliquée pour les jeunes exploitants endettés. Tous espèrent une amélioration des conditions climatiques l'an prochain.
Mais le président de l'Unaf, Gilles Lanio, craint "un contre-coup". Pour sauvegarder les ruches, "les abeilles ont déclenché des mouvements réflexes et tué tous les mâles pour éliminer des bouches à nourrir inutiles": à cause du manque de mâles pour s'accoupler, il risque d'y avoir "un déficit de reines fécondées" au printemps prochain.
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