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"Le chauffeur veut nous tuer!": une heure de panique dans le bus scolaire

"Le chauffeur veut nous tuer!": une heure de panique dans le bus scolaire
Flavio LO SCALZO
 
 

D'ordinaire, ils mettent 10 minutes pour revenir du gymnase mais mercredi, le trajet a viré au cauchemar pour une cinquantaine de collégiens pris en otage par le chauffeur de leur bus scolaire près de Milan.

"Il nous a fait monter, et tout de suite après il nous a barricadés", a raconté à l'AFPTV Tiziana Magarini, la surveillante qui accompagnait les enfants avec deux enseignants et avait encore jeudi les yeux rouges et des sanglots dans la voix.

Elle connaissait Ousseynou Sy, le chauffeur italien d'origine sénégalaise, "quelqu'un de très bien élevé, normal". Mais ce jour-là, il sort un couteau, et selon plusieurs témoins également un pistolet. Il attache les deux enseignants aux portes et demande à la surveillante de 53 ans d'attacher tous les enfants avec du fil électrique.

Elle s'exécute, en essayant de faire "des fausses manoeuvres" pour qu'ils puissent se libérer. De même, quand il récupère les téléphones portables et lui ordonne de l'aider: "Avec des regards, j'ai réussi à faire comprendre à certains enfants de les garder".

Il lui demande aussi de finir de vider ses deux bidons d'essence sur les sièges et les rideaux, dans le couloir. Les enfants sont paniqués: "Des hurlements, je n'arrivais pas à les calmer".

Ousseynou Sy aussi est très agité: "Il disait des choses étranges, je ne comprenais pas vraiment. Il parlait beaucoup de l'aéroport de Linate. Mais il ne disait pas ce qu'il voulait faire. Il disait: +Je ne veux pas vous faire de mal+ et puis il menaçait", a expliqué Mme Magarini.

"Personne ne sortira d'ici vivant", assure-t-il à plusieurs reprises, selon des enfants.

"Il n'arrêtait pas de dire qu'il y avait tant de personnes en Afrique qui continuaient à mourir", a raconté une jeune fille. "Il parlait des enfants de la Méditerranée, ça oui", a confirmé la surveillante.

Alors que le chauffeur s'arrête et redémarre à plusieurs reprises, Mme Magarini compose discrètement le numéro du standard du collège, où la collègue qui décroche entend les cris de panique des enfants.

- Comme "dans les films" -

Dans le même temps, Adam, Marocain de 13 ans, réussi à appeler le 112: "Bonjour monsieur, ils sont en train de nous enlever dans un bus, ils nous menacent avec un couteau", explique-t-il à l'opérateur, alors que des cris retentissent autour.

"Le chauffeur est devant et il nous retient en otage, il y a de l'essence par terre (...). Ce n'est pas un film, s'il vous plaît", insiste-t-il, avant de contacter sa mère, pas certain d'avoir convaincu l'opérateur.

"Le chauffeur veut nous tuer, il a un pistolet, appelle la police !", lui dit-il.

Ramy, Egyptien de 14 ans, a caché son portable et appelle à son tour le 112. Il a reconnu la route et parvient à donner des indications suffisamment précises pour permettre de le localiser.

Plusieurs voitures des carabiniers arrivent alors à la hauteur du bus. "Les enfants frappaient sur les vitres, appelaient à l'aide", a décrit Roberto Manucci, l'un des premiers sur les lieux.

Le chauffeur force un premier barrage en tamponnant une voiture, avant d'être bloqué par d'autres voitures contre un parapet.

Plusieurs carabiniers attirent son attention à l'avant, tandis que leurs collègues forcent la porte arrière et brisent deux vitres à coups de matraque.

"J'ai entendu une bombe dans la vitre arrière et en deux secondes il y a eu une équipe formidable, il les ont tous fait sortir", a rapporté Mme Magarini. Sur une vidéo amateur, on voit les enfants s'éloigner en courant, souvent en hurlant et en pleurant.

Armé d'un briquet, Ousseynou Sy met le feu au véhicule quasiment au même moment, avant d'être neutralisé.

Bloquée à côté de lui, la surveillante est évacuée par un carabinier. "A une seconde près j'ai risqué la mort", a-t-elle raconté, le dos tout écorché pour avoir été trainée à terre sur plusieurs mètres par son sauveteur.

Les carabiniers "ont mené un opération comme on en voit dans les films sur les commandos spéciaux", a salué le procureur de Milan, Francesco Greco.


 

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