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"Propagande", "autocrate": le Parlement européen ferraille avec Orban

 
 

Un "match de boxe": l'intervention du Premier ministre hongrois Viktor Orban au Parlement européen mercredi a tourné à la foire d'empoigne avec une large partie de l'hémicycle, qui a pilonné sa proximité avec Vladimir Poutine et ses atteintes à l'Etat de droit.

Le dirigeant nationaliste est venu à Strasbourg présenter les priorités de la présidence tournante du Conseil de l'UE, attribuée à la Hongrie jusqu'à fin décembre.

"L'Union européenne a besoin de changer" et la présidence hongroise "veut être le catalyseur de ce changement", a-t-il affirmé devant les eurodéputés, en insistant à plusieurs reprises sur la lutte contre l'immigration ou en remettant en cause la stratégie européenne en Ukraine.

Les passes d'armes se sont multipliées dans l'hémicycle sur sa proximité affichée avec Moscou, où Viktor Orban était allé rencontrer Vladimir Poutine en juillet, à front renversé avec les positions diplomatiques européennes.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Manfred Weber, le chef du groupe de droite (PPE) au Parlement, ont fustigé tour à tour le positionnement hongrois sur la guerre en Ukraine.

"Votre voyage (à Moscou) n'a jamais été une mission de paix. C'était un grand spectacle de propagande pour les autocrates", a lancé M. Weber au Premier ministre hongrois.

"Il n'y a qu'une voie pour arriver à une paix juste pour l'Ukraine et pour l'Europe: nous devons continuer à renforcer la résistance de l'Ukraine avec un soutien politique, financier et militaire", a assené Mme von der Leyen.

Les orateurs de centre et du gauche ont multiplié les attaques. "Vous n'êtes pas le bienvenu ici, c'est la maison de la démocratie européenne", a tancé la cheffe des écologistes Terry Reintke.

"Plus vous vous acharnerez à démanteler l'Etat de droit en Hongrie, plus nous le défendrons partout sur le sol européen", a lancé Raphaël Glucksmann (S&D, gauche).

Viktor Orban a vertement répliqué en reprenant la parole. "C'est une intifada politique, vous répétez les mensonges de la gauche hongroise!", a-t-il reproché aux eurodéputés.

"Vous souhaitez nous faire des leçons de démocratie alors que vous excluez les Patriotes des postes" clés, a-t-il dénoncé, en référence au cordon sanitaire opposé au groupe d'extrême droite des Patriotes pour l'Europe où siègent notamment les eurodéputés du Fidesz hongrois et du RN français.

Raillant la "propagande facile" de ses opposants politiques, il a regretté que le débat ait "dépassé les limites de la vérité".

"C'est l'un des débats les plus musclés auquel je n'ai jamais assisté", a déclaré en conclusion le vice-président slovaque de la Commission européenne, Maros Sefcovic. Il a prôné "l'unité de l'Europe face aux défis du futur", sans quoi "tous les Européens seront perdants, y compris les Hongrois".

- "Pas l'Eurovision" -

Avant son intervention dans l'hémicycle, des députés de gauche radicale ont brandi des pancartes "pas d'argent pour la corruption", en référence à des fonds européens destinés à la Hongrie, et partiellement gelés pour des raisons d'Etat de droit.

"Démocrates contre autocrates", pouvait-on aussi lire sur des affiches brandies par les sociaux-démocrates.

La chanson antifasciste Bella Ciao a brièvement été entonnée dans une partie de l'hémicycle avant un recadrage de la présidente du Parlement Roberta Metsola. "Ce n'est pas l'Eurovision", a dit la Maltaise.

Depuis son retour à la tête du pays en 2010, Viktor Orban a renforcé son emprise sur le pouvoir tout en restreignant les droits des oppositions, se heurtant à plusieurs reprises à Bruxelles sur les questions migratoires et d'Etat de droit.

En juillet, la Commission européenne a estimé dans un rapport que la Hongrie ne respectait pas les normes démocratiques de l'UE, notamment en matière de corruption, de financement politique, de conflits d'intérêts et d'indépendance des médias.

Dernier épisode du conflit entre Budapest et Bruxelles, la Commission a annoncé jeudi saisir la justice européenne au sujet de la loi hongroise sur la "souveraineté", que des ONG considèrent comme une nouvelle offensive pour museler les contre-pouvoirs.


 

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