L'Union européenne a relevé mercredi les seuils d'émission de gaz polluant des moteurs diesel dans les nouvelles procédures de tests en condition de conduite réelle, par rapport aux normes actuelles en laboratoire, malgré le scandale Volkswagen qui a mis en lumière les failles des tests européens.
La décision, prise à Bruxelles au sein d'un comité technique, prend en compte "les limitations techniques" dans l'amélioration des moteurs diesel, par une industrie qui représente 12 millions d'emplois dans l'UE, et l'application se fera donc en deux étapes au cours des six prochaines années, explique la Commission dans un communiqué.
A partir de septembre 2017, les constructeurs vont bénéficier d'une marge de tolérance pour les émissions d'oxyde d'azote de 110% pour les nouveaux modèles mis en circulation (en 2019 pour les nouvelles voitures), soit deux fois plus que le seuil de 80mg/km stipulé actuellement par la législation européenne pour les tests en laboratoire. Puis à partir de janvier 2020, la différence sera ramenée à 1,5 fois (50%) pour tous les nouveaux modèles.
"L'accord trouvé sur la divergence autorisée entre la limite autorisée mesurée en condition réelle de conduite et celle mesurée en laboratoire représente quand même une baisse significative comparée à la différence actuelle", qui peut être quatre fois plus élevée, souligne la Commission. Pour être homologué, un véhicule devra passer les deux tests, en laboratoire et sur route.
"Le lobby des constructeurs automobiles l’a emporté sur l’intérêt des citoyens européens"
De son côté, Test-Achats dénonce la décision prise au niveau européen par les États membres réunis en Conseil de l'Union européenne ce lundi (le conseil réunit les ministres de chaque pays membre concernés par le thème abordé). Pour l'association de défense des consommateurs, les chiffres sont inacceptables et décevants.
"Une fois de plus, le lobby des constructeurs automobiles l’a emporté sur l’intérêt des citoyens européens, de l’environnement et de la santé publique. Pourquoi devrions-nous continuer à tolérer des diesels polluants sur nos routes alors que des alternatives existent bel et bien?", s'interroge l'association de défense des consommateurs. "Les moteurs au gaz naturel, électriques ou même à essence respectent bien la norme. La technologie existe pour les moteurs diesel, mais certains producteurs ne veulent pas consentir les efforts financiers nécessaires", dénoncent-ils dans un communiqué.
"La coalition d’organisations de consommateurs, environnementales et de santé va dès lors tout mettre en œuvre afin de contester cette décision et appelle le Parlement européen à rejeter l’accord trouvé au sein du Conseil européen", conclut Test-Achats.
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